samedi 30 décembre 2006

Saut des anges

Elle partit en voyage.
Et le temps passa...

mardi 19 décembre 2006

Nuit noire, qui ne distrait pas des cauchemars

Des rêves toujours plus fous. Un homme que je connais peu, mais que je n'aime pas : mon professeur de civilisation britannique. Déjà évoqué, c'est à mes yeux un tyran, qui m'a valu deux mauvais rêves et des examens difficiles. Cette nuit donc, alors que j'étais dans d'excellentes dispositions pour être bercée par quelques lapins dans une prairie, voilà que Mr F. fait son apparition. Toujours avec cet air particulier. Je ne devrais pas être étonnée qu'un enseignant en anglais possède cette moue toute british, chez certains irrésistible, chez d'autres insupportable. Il s'impose dans la nuit. Toute la classe est là, prête à passer un oral. Je sors de mes promenades champêtres, et j'apprends qu'un examen m'attend, en face de ce terrible personnage. Pour ajouter du piquant, mon inconscient fait fort, puisqu'il me faut aussi jouer un air de saxophone pour valider l'épreuve. Abasourdie, je marmonne que je n'ai jamais touché un instrument de ma vie, si ce n'est la flûte du collège. Je suis très mal, quand vient mon tour. J'improvise. C'est immonde. Finalement, au réveil, je trouve cela plutôt cocasse. Je redécouvre les sensations de mon année Turgot. Face à tous les examens de droit public, relations internationales, droit privé... j'étais comme dans ce rêve, comme si on me demandait une improvisation de jazz au saxo. Voilà pourquoi ça ne marchait pas. Je suis aussi douée pour le droit que pour la musique. J'aime les deux, mais il vaut mieux les laisser aux autres.

Un petit tour par la faculté, cet après-midi. Les secrétaires sont toujours aussi débordées par la moindre tabulation informatique. Pas moyen de trouver des réponses à mes questions. S'il y a une chose qui ne changera certainement jamais, c'est cette incompétence assumée de l'administration, qui se préoccupe plus du nombre de sucres dans son café que des notes des étudiants.
Le détour par l'Avenue Zola fut plus satisfaisant. J'ai eu droit à un regard trouble, mais bien fixé sur ma bouille, un très léger sourire, et un mouvement de doigt sous ma caresse. Elle était belle, elle avait bonne mine. Ses mains étaient douces, comme avant, comme toujours.

Les festivités de Noël commencent vendredi soir. La distribution de cadeaux et autres agapes se partage en deux depuis dix ans. Cette année, il y aura sûrement trois ou quatre tournées. Le Père Noël carbure au Whisky. Il doit être en forme. Mais il ne peut pas m'apporter ce que j'aimerais vraiment. Comme les génies, ce n'est qu'un vendeur de jouets.

Il faut que je fasse transpirer le radiateur, que je brûle ma peau sous la douche, que j'enfile trois ou quatre pulls irlandais, et qu'enfin, je chasse ce sale tyran.

dimanche 17 décembre 2006

Y'aura-t-il de la neige à Noël ?

De Verrières le Buisson à l'Avenue Emile Zola...
Il semble loin, ce temps. Les détails enfantins ; des odeurs inoubliables, des lieux particuliers. Je ne me promènerai plus dans le Bois de Vincennes le coeur léger. Le poids des souvenirs pèsera, comme il pèse sur toutes les belles innocences.
Difficile de se balader dans ce coin de ma mémoire, presque clôt, auquel plus rien ne s'ajoute. Que du passé, beau comme le monde, et si peu devant. Son horizon, c'est une neige qui embue les yeux.
On ne choisit pas sa famille. Pour une personne exceptionnelle, il faut payer une dizaine de mauvais coeurs.

jeudi 14 décembre 2006

A l'aube, les petits oiseaux toussent.

Un petit café pour remplir un ventre vide. Une lumière éteinte pour faire dormir les petits yeux, qui ne veulent pas se fermer, qui veulent profiter des nouvelles nuits, des nouvelles heures tardives qui s’offrent à eux. Une chaîne de télévision qui cesse d’émettre 3h passée, qui fait passer des moutons pour bercer les somnambules, qui leur dit que les heures sont brèves au "pays merveilleux". Une oreille qui écoute à moitié la musique, à moitié le vent sur les fenêtres, à moitié les pensées. Une journée qui aura été longue, l’attente... et généreuse vers Minuit. Des petits pieds fatigués d’avancer, qui trottent encore pour trouver une eau chaude et des draps chauds. Une main froide qui tient sans relâche d’ultimes cigarettes. Une amertume passagère, comme toujours, ou peut-être un cœur brisé par la foule, comme toujours. Quelques ruminations et leur désespoir. Quelques prières athées, des tentatives, on ne sait jamais. Puis les surprises de la nuit, qui récompensent les difficultés du jour passé. Le crépuscule des pensées, la promenade des souvenirs, longue et infatigable. Le relais des rêves, le sommeil auprès des fantômes, une course belle et folle dans le cycle nocturne. Le 13 du mois qui n’en finit pas, sa mort lente dans mes bras. Des mots de minuit, des écrivains tourmentés, qui susurrent des pensées étonnantes. Mille fois les mêmes chemins, des pas lents sur les trottoirs, conduits par les caprices de l’humeur. Un petit être mélancolique, un petit oiseau qui vole dès qu’il peut vers les étoiles invisibles de la ville. Le regard qui se baisse et se perd dans les bas-fonds d’un précieux jardin au ciel étrange, aux nuages parfois lourds, mais à la lune presque toujours pleine.
Les plaintes du chacal qui courent le long des rues sont peut-être les pleurs d’un loup. Une nuit dépeuplée qui se dédouble. Elle deviendrait presque le pays imaginaire. Une âme qui navigue jusqu’au matin, déambule dans les volutes nuiteuses des draps noirs. Un seul phare, et l’aube.

dimanche 10 décembre 2006

JF recherche

21h08. Un coup de flemme. Celui de rentrer chez moi maintenant. De sortir dans le froid, dans le vent, d'affronter les rues de Choisy le Roi, de croiser un regard libidineux dans le RER, de marcher jusqu'à Choiseul, dans le froid, dans le vent. Il fait bien meilleur ici.

Les derniers jours se sont résumés à des coups de fil. Bonnes ou mauvaises nouvelles, il a fallu faire avec. J'étais déjà soulagée qu'il ne s'agisse pas de la Sorbonne. En général, elle appelle quand je suis en vacances, pour m'engueuler et me dire que je suis dans une merde noire et irrémédiable. Pour l'instant, elle reste muette et je ne m'en porte pas plus mal.

Non, le premier coup de téléphone, c'était une charmante vieille dame qui me demandait de donner mon sang. Ils en avaient besoin en urgence, j'avais les bons phénotypes, c'était pour quelqu'un en particulier...bref, je n'ai pas tout saisi. J'ai sauté sur cette occasion de faire ma belle gosse et ai affronté la tempête du jour passé. Tel Saint Tartanpion, il me fallait monter sur mon beau cheval blanc et secourir le monde en détresse. Pour de vrai, j'étais accompagnée de mon frère, aux côtés de qui n'importe quel blizzard devient une brise minable. A peine la seringue était-elle sortie de mon bras, que nous nous sommes jetés sur la collation, gentiment proposée par l'EFS. Nous sommes bien tombés, c'était le jour du Ritz. Le prestigieux hôtel fait venir une fois par an son menu. Le saumon à l'aneth était excellent, les bretzels faits maison un délice, le fondant au chocolat parfait, mais la cerise sur le gâteau fut non pas une cerise, mais un macaron. Bon Dieu, tu existes donc.

J'ai l'impression que la grippe commence à faire son trou dans le coin. J'espère sincèrement que les pauvres êtres chers à mon coeur qui sont abattus comme des chiens par la bête s'en remettront vite. Je suis donc satisfaite que mes propres courbatures ne soient dues qu'à une journée de travail lambda. J'ai vendu un sacré paquet de malbouffe hier. Je hais l'humanité à ce point, il faut croire. Non, la rageuse, ce n'est qu'un mythe.

Le second coup de fil me dit que je vais peut-être devoir quitter Choiseul, ce Choiseul que je boude ce soir. En septembre prochain, ma proprio aurait peut-être besoin de récupérer sa perle. Apparemment, c'est encore très improbable, mais... Mais sans plus attendre, je me suis empressée de regarder les annonces actuelles sur Paname. Il y a du bon, voire du très bon. Alors, quitte à faire mes adieux à cet appartement, roi de tous les excès pendant trois ans, roi de toutes les beautés et si près du ciel violet pollué, je commencerais bien une autre histoire d'amour avec la rue de la Lune.

dimanche 3 décembre 2006

Bobo travail

Une petite pause avant de me coucher avec les poules. Depuis quelques temps, je ne connais plus les 2h, ou 3h du matin. A ces heures indues, je dors comme tout un chacun. En revanche, douloureuse fut ma connaissance nouvelle avec les heures fraîches et matinales... Les grasses matinées ont été rayées de ma vie, mais ce n'est que pour mieux ressurgir plus tard. Je vous le donne en mille, dormir jusqu'à 12h, ça ne s'oublie pas.
Je suis en vacances dans quatre jours. Quatre jours de dur labeur, remplis de partiels et donc d'angoisse. Angoisse toutefois limitée, car ces deux dernières semaines, mon rythme de travail n'aurait pas pu être plus intensif. J'aurais donc donné le meilleur de ma petite personne, et sacrifié bien des choses au profit de ces auteurs macchabées qui croupissent depuis des lunes dans leur tombeau.
Il reste peu
de temps. Comme d'habitude, quand ça sent l’écurie, je me délecte à penser combien je serai heureuse et libre. Un cri pourra retentir dans la grande ville jeudi midi. Ce ne sera que ma voix portée par la joie, je dirais même que mon âme s’envolera dans de célestes cieux, pour ne pas trop exagérer.
Malgré cette période de partiels, je reste fidèle à Ronald Mcdonald, qui lui me tue par son inconstance. Hier encore, je me faisais insultée, et pas du moindre terme. J'étais "inhumaine", oui lecteur, "inhumaine". Cette grosse gorille avait simplement envie de pisser, et j'étais l'obstacle qui l'empêchait de se vider. Sans rentrer dans de plus menus détails, j'ai conclu qu'elle était monstrueusement conne. Monstrueusement susceptible et rancunière, je me suis empressée de répondre fermement que "tout de même, il faut pas déconner". Sans rentrer de plus menus détails, elle a aboyé, j'ai donc aboyé à mon tour, telle une bête vorace pleine de haine, effectivement inhumaine. Premier règlement de compte au Mcdo, première audace d'envoyer chier une cliente, ça se fête. Je finirai donc ce soir ma bouteille de Martini, au goulot bien sûr.

samedi 25 novembre 2006

Vive le claquos

Je ne supporte plus mon bloc de civilisation britannique. Trop de bons élèves, ça me rappelle le lycée Turgot. Chacun rivalise d'ingéniosité pour montrer combien il est sérieux. Sauf qu'en deuxième année de faculté, contrairement aux prépas, il faut aussi être cool. Faire preuve d'une décontraction à toute épreuve, dessiner des smileys sur le bout de ses Converses, et fumer sa clope comme Vincent Vega. Encore. Toujours. C'est élaboré, mais que veux-tu, tout le monde n'est pas étudiant dans le quartier latin, tout le monde n'a pas 20 ans.
Je me sens étrangère à ce décorum là. Je me sens étrangère à pas mal de choses, en fait. Chez les bourgeois turgotins, enfants de juristes, enfants de salauds. Sur une classe de 40 personnes, aucune n'a tiré son épingle du jeu. Je n'ai pas tiré la mienne. Aucun lien, aucune affection singulière. Rien. Chez les bobos sorbonnards, enfants de bobos, je n'ai jamais trouvé la décontraction nécessaire et suffisante pour intégrer un bobos-clan lambda. Je n'ai jamais vraiment fourni l'effort pour.
Les vrais amis, ceux qui supportent mes défauts et détestent mes ex, se comptent sur les phalanges d'un doigt. Mais il y en a quand même, c'est une bonne nouvelle. Ces vrais
amis là, je les remercie et je les admire. Parce que finalement, enfants de bobos ou enfants de salauds, vous n'y êtes pour rien, et le manque de sympathie est le lot de chacun. Je suis seulement et terriblement farouche. Avec le temps, j'apprécierai les castes et les intouchables. J'espère. Pour le moment, je conchie trop, je déteste trop, je m'ennuie trop.
Philippe Noiret est mort jeudi. La nouvelle m'a frappée. C'est idiot, je ne connaissais pas le bonhomme. Mais il appartenait à ces acteurs grands-pères, pour qui je m'étais emballée petite, devant le Vieux Fusil par exemple. Comme celle de Jacques Villeret, sa disparition file un coup de vieux à mes 20 ans.

Voilà, je compte les jours qui me sépare de la fin du semestre. Les jours qu'il me reste à côtoyer le bloc 4 des anglicistes. Foutu troisième semestre. Je m'en souviendrai. Intéressant, les mois derniers, mais sinistres. Et ruineux, avec pas moins de 300€ de bouquins. Certes, Hamlet n'a pas de prix, m'enfin, c'est un peu fort. Crésus a survécu.
Il reste exactement dix-huit jours. C'est peu. Tic, tac, tic, tac...

dimanche 19 novembre 2006

Le calme...

Mon frère avait accroché une fleur de tiaré à mon sac. Le temps du trajet, elle avait fané. Pourtant, elle sentait si fort que toute la ligne de métro en a profité. Une odeur de soleil, celle du monoï. Mon autre frère jouait au conducteur, lançant des "vroum" à tout va. Mon père était assis à côté de moi, toujours avec son air pensif. Arrivés à Gare de Lyon, la petite famille est partie. J'ai embrassé Maël et mes lèvres se sont enfoncées dans sa joue moelleuse et douce. Il m'a regardée avec effarement. "Tu viens pas avec nous ?". J'ai répondu par un sourire et un hochement de tête. Non, je ne suis pas le bonhomme, même si j'aimerais être dans le TGV pour Valences avec lui, avec eux. Moi, je continue jusqu'à Pyramides, et je rentre seule à Choiseul.

Je reste bien immobile dans l'ascenseur capricieux. Je déballe mes affaires, y compris toute la bouffe du week-end. Le frigo se rempli par magie les dimanches soirs. J'ouvre la fenêtre, j'allume une éternelle cigarette et je tombe sur le cul. Une fois encore, le ciel est beau. Il est violet, vire au mauve. Les nuages sont pourpres et les bâtiments quadrillés par l'ombre du crépuscule. Je cherche dans la hâte mon appareil photo pour capturer ce énième passage éphémère. Raté. L'appareil est introuvable. Je me demande même si je ne l'ai pas égaré. Une pensée sage me dit d'ouvrir les mirettes et de profiter. J'oublie d'immortaliser l'instant.
Pendant que les All Blacks écrasaient la France, une soirée s'im
provisait au Cour Saint-Emilion. Trois cafés crème, un chocolat chaud et des crêpes au sucre plus tard, les estomacs criaient encore famine et souffraient du froid. Nous les avons réchauffés avec une viande saignante, des Martini, et un déluge de mots. Ma panse était prête à exploser, mais il fallait encore fournir un effort. Sous la pluie. Le lendemain, je me lèvais tôt, avant 11h, et j'allais embrasser qui de droit, lui sourire et lui dire combien je l'aime. Je n'aime jamais tant les cafés crème qu'en plein hiver. Quand il caille, que les mains sont congelées et les doigts prêts à tomber.
Et le temps d'écrire ça, mon dîner a cramé.

jeudi 16 novembre 2006

La suite

Une voix anonyme me demande une suite. Alors sans plus attendre, je vole un peu de mon temps si précieux, et m'empresse de répondre à ce délicieux cri de désespoir.
Parfois, n'ayant absolument rien à dire, je n'écris pas. D'autres fois, mon dessèchement verbal s'explique p
ar la complexité des événements, tout à fait indescriptibles. Ce soir, mes phrases seront longues et lourdes. On ne se refait pas, même après un bon mois sans prendre la plume. Il faudra que mon anonyme soit attentif et concentré.
Mes désastreuses aventures sont nombreuses, et désastreuses. Je suis touchée par le mal de l'étudiant moyen, qui ne prend pas d'avance et procrastine sans cesse. Une armée de dissertations, exposés, examens ou traductions me déclare la guerre, et l'angoisse coule bellement dans mes veines. Mon sang doit être plus rouge que d'habitude. Ca pulse jour et nuit, c'est infernal. J
e travaille des heures, mais j'affronte un colosse et le temps me manque. Il me tarde d'être à décembre, quand le semestre sera terminé. Comme toujours, j'organiserai des séances de cinéma par dizaines. Viendra qui voudra, pourra. Il y en aura pour tout les goûts, de Saw III à Perhaps Love, de Borat, ce génie ridicule, à Coeurs... Et il y aura Babel, certainement plusieurs fois.
Quelques courses de Noël, et le tour sera joué pour boucler 2006. Je n'ajouterai pas "en beauté". Mes mains sont chatouillées par le désir de faire le fameux bilan annuel ce soir. Mais les jeux ne sont pas encore faits, malheureuses.
Novembre s'est assombri dès l'aube. Mes joues ont rougi, caressées par une claque dans la gueule. Une mauvaise nouvelle a coupé la corde du stoïcisme qui m'assurait contre les chutes. J'ai tout maudi, puis j'ai pleuré. J'ai peut-être perdu quelques kilos d'eau. Mais les larmes sont une réponse épuisable et épuisante au boulet du chagrin. Fanée et fatiguée, je me suis endormie.
Aujourd'hui, je me suis rendue compte combien Choiseul va me manquer quand je le quitterai, un jour.
Et je me suis souvenue de la première chanson qui a vraiment compté. Celle qui a marqué le début d'une quête effrénée de la mélodie parfaite. Je devais avoir 14 ans. Finalement, cette chanson parfaite, je la trouve tous les jours, ou presque. En ce moment, les murs tremblent et Schubert est proscrit
. Puisque tout me manque, le temps comme les gens.

En comptant bien, il me reste l'espoir, la patience, et les Scissor Sisters.

jeudi 19 octobre 2006

TRA 2962

Un grand merci à Emmanuelle Anizon. Elle m'a non seulement réveillée d'une terrible torpeur matinale, mais elle m'a aussi appris des choses importantes. Une journée et des pensées qui s'annonçaient nuageuses finissent par s'éclairer, ô miracle.

Potron-minet, j'ai couru sur le quai et suis rentrée in extremis dans le métro. Avant 8h, il est toujours vide. Je me suis affalée sur un siège, avec l'élégance d'un éléphant, ou d'un camionneur bourré. Ces derniers jours, pour éviter de rater ma station Censier-Daubenton (plongée dans un profond sommeil, bercée par les remous du wagon), je sors un journal – soit le Télérama, soit le Canard Enchaîné, papelard satyrique désopilant qui me vaut nombre de rires étouffés. Je suis donc tombée sur cet article de Manu. Très bonnes pages sur la déchéance de l'Université, avec un grand U, française. La Sorbonne ne serait plus ce qu'elle était. (Ou peut-être n'a-t-elle jamais vraiment justifié de ce rayonnement que l'on verrait jusqu'à Pékin...) Mais pourquoi, me direz-vous, pourquoi un tel sujet m'a réveillée ? Brusquement, j'étais presque fébrile et mes yeux grand ouverts suivaient mécaniquement le chemin des lignes. La conduite du texte était fort bien menée et frapperait n'importe qui, je crois.


Tout cela pour dire que les ruines de la Sorbonne sont aussi celles de mes illusions. J'en avais certes beaucoup (délit de jeunesse). En emménageant à Paris, il y a deux ans, j'avais des étoiles plein les yeux. Enfin ! Je me trouvais au coeur du monde (si, si), j'allais vivre dans cette belle ville lumière qui fait tant parler d'elle. Je rencontrerais des têtes nouvelles chaque jour, je verrais des choses totalement inédites que seules permettent les vraies métropoles. A chaque pas, un monument, une rue célèbre, du rococo ou que sais-je. J'y trouverais l'ouverture d'esprit, Le grand esprit, les cafés d'intellos, des cinémas dont un hublot fait office d'écran, et flânerais au gré des marches de Montmartre.


Caresser tous ces projets était une perte de temps. Paris ne réserve pas un accueil digne de sa beauté. Car Paris, c'est avant tout les parisiens. Jamais je n'avais croisé autant de visages immobiles, de regards dérobés. L'air est pollué et les airs sont vides. Cette ville est une jungle dont, comme dirait l'autre, la civilisation est le vernis. Un vernis de chez Tati, qui craquelle sans cesse et de toute part. Les seules bricoles, que j'oserais à peine appeler 'inédites', furent un incendie ; la chute d'un ouvrier du septième étage, et donc son corps mort et jaune ; ou un type battu et laissé à terre par des pingouins en colère. A ce prix là, je préfère ne plus "sortir le dimanche". Du reste, il n'y a pas moins touriste qu'un citadin, et c'est bien normal. Je ne visite absolument pas Paris. Toujours à faire le même chemin, toujours à courir dans les mêmes directions, sans trouver le temps de flâner, ni permettre au vent de me promener à son gré.

Le parisien est une foule. Il se déplace en grand nombre, comme une ombre (j'ose), déambule comme un fantôme. S'il lâche ses peines sur le trottoir, dans le filtre d'un mégot ou un crachat pollué, il ne lâche que rarement de l'argent dans la main noire des mendiants. Le parisien cède à Paris son habit le plus sordide, gardant portefeuille et bonne humeur bien au chaud, pour les dîners ou les mondanités. C'est un portrait bien sale, dont les traits sont grossis, mais Paris est une ville sale et peu fine. C'est ma plus grande désillusion, si l'on omet celle de l'homme bon.

La Sorbonne représente à merveille cette Capitale 'déchue' qu'est mon Paname. Je suis déçue. Si l'on faisait un sondage dans mon coeur râleur, il serait alarmant. Une chute infernale de points, chaque jour. Voilà donc un résultat : 90% contre, 10% pour.
L'Université reflèterait aussi parfaitement la Frânce, tiens. Un dédale de dossiers, une administration monstrueuse (dans les deux sens du terme), une organisation plutôt désastreuse, une prétention incroyable et enfin, chose qui définit bien notre pays : une Bureaucratie, avec un grand B.

Ces illusions sur ma vie d'étudiante étaient chères et sincères. Je ne parle pas des autres, ce serait un poème de dégoût. Je les vends au plus offrant, un gamin dont les mirettes brillent beaucoup trop, peut-être. Et l'oseille, je le garderai, à côté de ma bonne humeur.

Comment appeler tout cela ? L'ineffable désillusion provinciale (la banlieue entrerait dans le même cercle, c’est à dire, tout ce qui est hors du microcosme panamien), par exemple. Le désenchantement du petit oiseau sur la branche ; de la nana trop naïve, ou un peu trop con.

jeudi 12 octobre 2006

Résiste

Le début de semaine était serein. Mais, en deux minutes, tout s'écroulait.
Le temps de causer avec mon professeur de civilisation.

Professeur qui mérite une ample digression dont je ne saurais me priver. Hélas, il est de ces individus qui enseignent des matières laborieuses, voire fastidieuses. En civilisation britannique, par exemple, nous passons au crible la Constitution anglaise (un véritable bordel à elle toute seule), les évolutions des partis politiques les plus connus, et lisons des articles interminables du non moins célèbre Economist. Pour ce genre de cours, il faut – je dirais même plus que c'est une Nécessité – avoir un professeur charismatique, qui sache faire de l'audience son amie. Hélas, notre bon enseignant est jeune, élégant, beau, certainement gay, mais absolument soporifique. Assis durant deux heures, il n'épouse jamais un regard. Il déblatère son texte avec un accent digne d'une vache slovaque. Aucun humour dans ce cours ; humour qui, comme chacun sait, serait une arme terriblement efficace pour éveiller son auditoire. On me parlera de timidité, de réserve ou de pudeur. Peu me chaut. Soyons cartésien une minute. Seul le résultat importe, et c'est un fiasco.

J'affronte donc ce tendre bonhomme, afin de remettre les pendules à l'heure, au sens propre du terme. J'apprends justement qu'un exposé m'attend le lendemain. Un sourire quelque peu figé fait façade, et je quitte la salle. Arrivée chez moi, je me jette sur l'article. Six ou sept heures plus tard, après moult mix cafés-clopes, je boucle l'exposé. Au lit. Le lendemain sera, comme tous les mercredi, une course folle.
Au réveil, ma première pensée ressemble à une injure, suivie d'un "tu ne croyais pas si bien dire..." Je ne suis pas fatiguée, mais ma gorge me fait souffrir. Je teste ma voix. Heureusement, elle me sera fidèle pour l'exposé. Mais à ce moment, je sais pertinemment qu'un virus m'a attrapée. "Les choses vont empirer". Pour le moment, il faut tenir au moins une journée.

Le mal de gorge s'estompe à mesure que les heures filent. A vrai dire, peut-être empire-t-il, mais le stress lui vole la vedette. Il fait froid, je suis comme d'habitude trop peu couverte. Pourtant j'ai chaud. Les mains tremblent, les longs doigts dansent. J'avale un gâteau au chocolat pour me remettre d'appoint, et un énième café qui je le sais, n'apaisera pas les coups qui m'agitent le coeur. Assise à patienter, je suis plutôt étonnée par cette angoisse nouvelle. Je m'inquiète. Ces jambes chancelantes seront-elles capables de me porter ? La crainte de m'évanouir. C'en est trop. Je n'ai pas l'habitude d'une telle tension dans mes chairs. Il faut que le temps accélère. Il faut en finir.

Je suis prête à vendre mon âme moqueuse au diable. Je sous-estimais le fléau de l'exposé. A tout ceux que j'ai raillé parce qu'ils ne dormaient plus trois semaines avant leur passage à l'oral, je présente de plates excuses.

Jeudi soir. Je suis en week-end. Tous ces sursauts sont derrière moi. Il ne me reste qu'à regarder la vidéo de Grey, dont j'ai raté les ultimes épisodes, malheureusement. Maintenant, qui sait, la folie virale se chargera peut-être de mes derniers jours.

mardi 10 octobre 2006

En quelque short

Il va falloir faire des adieux déchirants à mon dernier coup de foudre télévisuel. Je me suis amourachée de ces internes torturés de Seattle. Avouons que la peine n'est quand même pas énorme. A y réfléchir, il y a pire. La série reviendra d'ici quelques mois, le temps que je sois installée dans un nouvel appartement londonien, canadien, new-yorkais ou que sais-je. Je me demande combien de personnes se réjouiront de mon départ loin des terres fertiles de Paris. J'en connais au moins une.
Noël arrive et j'ai déjà un tas d'idées, éparpillées savamment dans les oreilles de mes amours, afin qu'ils prennent de l'avance dans leurs recherches effrénées. Quant à leurs cadeaux, je prépare l'aspect essentiel de ma mission : les finances. L'inspiration se déposera sur mon oreiller, une n
uit prochaine. Je pense que cette année, nous aurons droit aux guirlandes colorées, et peut-être même au gui. Les Réveillons sont presque pliés. Les minutes passeront doucement, comme on tourne la page d'un Pléiade. Cette comparaison est délirante, voire impardonnable. Le Nouvel An sera bref, c'est tout ce que je sais. Le lendemain, c'est officiel, nous nous envolerons pour la grande Amérique. Un décollage le premier jour de l'année m'apparaît comme le plus beau cadeau du monde. Je suis férue d'adrénaline.
J'ai fait attention aux détails, aujourd'hui. Chaque bribes de conversation volées dans un wagon, chaque regard croisé ou dérobé, chaque politesse. Juste qu'à hier, j'estimais qu'une journée à la faculté n'était pas intéressante. Finalement si. En exagérant, j'irais jusqu'à penser que c'est palpitant. Le meilleur morceau de ce lundi fut certainement ce chanteur dans le métro. Je lisais tant bien que mal un bouquin de Stevenson. Puis cette voix terriblement belle m'a percé les tympans. Il avait sa guitare et son timbre magnifique. Il a récupéré très peu de pièces de cuivre, mais beaucoup d'argent. Il les avait amplement méritées.

Enfin, après des jours couverts par une pluie fine de désespoir, je retrouve le sourire. Mes cigarettes sont meilleures. Le week-end fut bon, bien que trop court. Je ne suis pas tombée malade, malgré la férocité des microbes alentours. J'ai fait un ménage mémorable, j'ai dilapidé une fortune. Une amie lointaine m'avait donné ces remèdes. Ca fonctionne donc à merveille.
Je vais boire un verre de lait frais. C'est comme Capri. "On aime ou on n'aime pas. Moi, j'adore."

mardi 3 octobre 2006

Monde qui défile sous les regards

A chaque saison ses petits mots. Peut-être qu'un jour, lointain, lorsque j'aurai essuyé les années et que mon visage sera une carte du monde, je ne m'émerveillerai plus devant les changements climatiques. Pour l'instant, je ne suis que jeunesse et naïveté, et mes sens sont avides de petites banalités. Je renifle à tout va. L'été a un parfum particulier, mais je préfère l'odeur fraîche de l'automne. Celle du début de soirée, quand la nuit voile la ville. Ca circule dans tous les sens, toujours la même frénésie dans les pas citadins, comme si rien ne changeait jamais. Je les regarde, je les aime, je les déteste, ils me font rire.
Eté comme hiver, je verrai encore cette jeune femme rentrer en trombe dans le métro, s'avachir sur un siège, cracher sa journée pourrie dans un long soupir, puis se ruer sur ses talons aiguilles. Elle les enlèvera le plus vite possible car la douleur est infernale. Elle sortira d'élégants écrase-merdes sûrement très moelleux, et les enfilera tout aussi vite. Un autre soupir de soulagement lui crèvera la trachée. Elle sortira à la station suivante, rougie par le plus grand ennemi d'une citadine : le temps.
Devant une telle scène cet été, nous étions assez attendris, admiratifs, et très amusés. Maintenant, j'aurais envie de dire à cette dame que c'est la mi-saison, comme une heure en plus pour une journée trop courte. Et il faudrait bannire les talons-aiguilles. Il ne faut plus soupirer, mais renifler et respirer, madame.

dimanche 1 octobre 2006

Last Mc Sunday

Je leur dis adieu, à tous ces dimanches de labeur. Tous ces dimanches où il fallait se réveiller, se préparer, repasser sa chemise, creuser sa route dans les rues solitaires. J'arrivais dans un restaurant souvent vide. Nous n'étions jamais plus de dix équipiers pour assurer cette journée sans vie. Puis quelques touristes se pointaient. La plupart anglais ou américains. Il fallait violer la langue de Shakespeare et disserter sur les vertus gustatives d'un Big Mac. Ou il y avait ces familles, immenses, qui dépensaient une fortune pour nourrir chaque bambin. Tout cela, c'est terminé. Parce que le dimanche ne ressemble à aucun autre jour, c'était une joie de le plaquer, sans douceur, vite et bien.

vendredi 29 septembre 2006

La vie sauvage

Je me lève ce matin, conquise par la journée à venir. Une journée sans labeur, impériale, sans haine du matin, ni désir pour le lit. Tout cela grâce à vendredi, magnifique, où la hantise est remplacée par une fainéantise frénétique. Quelques lignes à lire auront le temps d'endormir ma flemme. Les heures vont couler vite, comme toujours lorsqu'on voudrait qu'elles durent.

Les prix pour Los Angeles ont grimpé cette nuit. Va savoir. Le court du pétrole, les nouvelles mesures de sécurité – draconiennes – pour poser le pied sur le sol américain... Toutes ces petites variations pèsent sur les billets Air France. Ils ne comprennent pas. Je suis prête à verser ma fortune, mon trésor bancaire, pour ce voyage épique. Je suis prête à réveillonner avec faste le 31 décembre, et être au Terminal 2 de Roissy à peine quelques heures plus tard. Je veux vivre deux fois le 1er jour de l'année. Un à Paris, qui dormira ou cuvera sa fête dans les plumes de sa fatigue, et l'autre à L.A., dont le peuple me réservera la surprise de son état post-réveillon.

Ils vont fouiller mon sac, ma valise, à la recherche d'un cosmétique ou d'un coupe-ongle criminels. Les douaniers vont me regarder dans le blanc des yeux quand ils verront le nom de famille sur mon passeport, et ma photo, plus "orientale" que jamais. Je leur ferai un sourire, et ils comprendront peut-être que je n'ai d’autre projet que celui de m'émerveiller devant des palmiers, une fois sur leurs terres. Aucun souci d'ordre politique, messieurs, c'est un séjour pétri d'insouciance et de légèreté que je m'en vais trouver.

Mon front a eu la bonne idée de rencontrer une barre de métal. Injures et blasphèmes en tout genre ont suivi, fruits d'une collision douloureuse et sanguinaire. Tout ce mal pour une simple cigarette, tombée sur la gouttière, que je m'étais empressée de récupérer, avant que le vent ne la vole. Je crois que la maladresse m'offrira encore bien des délices.

Nous avons vu toute l'équipe d'Indigènes, l'autre soir. Assise au premier rang, j'ai tenté de capter un regard de Sami Bouajila. Rien à faire, ils avaient tous les yeux levés vers le haut de la salle, vers cette grosse femme au lyrisme poissonnier, qui râlait et raillait à tout va. Elle a provoqué Jamel qui, grâce à une répartie légendaire, a répondu d'hilarantes banalités, clouant le bec de la fromagère. Je filmais la scène, en attendant d'éventuelles coulées de sang qui amuseraient l'arène. Mais en bonne pacifiste, l'équipe s'est retirée. Sami est parti, son élégance avec lui. Le film est bien, et l'arabe est décidément une merveilleuse langue.

Quant à Arthur au bras de Kirsten Dunst, cela fait couler beaucoup d'encre. C'est vrai, c'est injuste. Moi, ça fait des mois que je veux le voir.

jeudi 28 septembre 2006

Retournez-vous dans vos tombes

Je lis trop pour écrire quoique ce soit. Trop de belles choses. Alors je pose trois mots, je les trouve nuls à chier, puis j'efface. Ils ont la plume légère. Tout se suit avec une simplicité et une classe folle. Plusieurs fois par jour, je me souviens que Poe, Shakespeare ou Hugo sont de véritables génies. Des génies tyranniques, qui volent tout mon orgueil au fil des lignes.
Trop de choses à dire, aussi. Tout se perd dans des phrases sans fin. En ce moment, voilà, je n'ai pas le "truc". Celui qui donne envie de raconter sa vie. Ce plaisir de lâcher ce qui grise ou tracasse, de le mettre en sécurité, à l'abri de la mémoire. Qui sait, peut-être que cet article survivra.
Il y a tant de petites histoires qui se bousculent. Pour l'instant, ce qui domine, c'est Laurent Gaudé. Prix Goncourt. Il écrit vraiment bien. C'est beau, c'est simple, percutant. Il a la flamme sacrée. Contemporain. Personne n'est parfait...

Choiseul a changé, mon portefeuille s'est allégé. Mon coeur est léger(ement brisé). Mon dimanche est libéré ; retrouvailles avec le week-end, nous étions fâchés. L.A. est programmé pour janvier, les congés sont posés. L'automne est arrivé, et... à vrai dire, le peuple ne demande plus rien - ou presque.

lundi 18 septembre 2006

"Cette nostalgie produite par une habitude brisée"

Reprise des cours, reprise du cours normal de mon existence, comme avant, comme depuis 20 ans. Rentrer en deuxième année à la fac n'est pas si différent de mon CE1. Cette impression que les grandes vacances ont duré une éternité, qu'elles sont comme ces rêves trompeurs qui occupent toute une nuit, alors qu'ils ne durent que quelques secondes.
Après avoir savouré tout cela, il faut retourner sur le front universitaire (pas des moindres).
Je repensais à mon petit pot de colle, que certains camarades mangeaient entre deux leçons, à ma gomme flambant neuve, et bien sûr, aux crayons de couleur. Combien de fois les rentrées m'ont terrorisées... Celles où j'étais la nouvelle, perdue parmi tant d'autres. Maintenant, septembre me rappelle souvent ce tracas enfantin et monumental, et toutes ces petites choses qui faisaient de moi une gosse. J'ai rencontré la plus douce des nostalgies, hier.

Des mots mélancoliques, d'une innocence déconcertante, sont maintenant posés.
J'ai un emploi du temps du tonnerre : mon côté pragmatique crie à mon coeur combien il se doit d'être content.

jeudi 14 septembre 2006

Home, sweet home ?

Durant un mois, mon plus sérieux dilemme fut de trancher entre mer ou piscine, steak ou poisson, Martini ou Pineau blancs. J'ai pu réinventer les limites du jour, vivre moitié sous le soleil, moitié sous la Lune. Je n'ai pas vu beaucoup d'étoiles, mais les moustiques ont festoyé et tapé du dard sur mon appétissante peau. J'ai mangé tout ce que la mer a de comestible.
J'ai retrouvé le macadam et l'odeur du métro, non sans une pointe de nostalgie... J'ai pleuré comme vache qui pisse, pour d'insignifiants détails, comme d'habitude. Je me résous difficilement à laisser filer mes petits instants de plénitude, allongée sur le sable chaud. Je reviens avec une emplette majeure : la casquette marine du capitaine, qui va à ravir à n'importe qui. C'est un lot de consolation qui sentirait presque le large.
Pour reprendre l'année du bon pied, nous allons prendre des cours d'arts martiaux avec Charly. Ainsi, je pourrai créer une "véritable symbiose entre mon corps, mon esprit et la nature". Que demande le peuple...

Il va y avoir de l'orage, cette nuit. J'ai entendu que ça allait péter, se déchaîner à fond, que le ciel allait se fendre. J'adore quand ça crie fort là-haut. Je suis toute ouïe.

jeudi 31 août 2006

Al est grand

N'écrire qu'à mon vrai retour, cela relevait du défi. Je suis sur Paris pour quelques jours, entre deux départs pour la mer. D'ici jeudi, il faudra que j'ai relevé pas mal d'autres défis autrement plus chiants. Le pire de tous étant de retourner à la fac pour les inscriptions pédagogiques au combien complexes. J'aimerais bien que les choses soient plus simples, par exemple, que chacun se trouve dans une classe donnée, et que nous ayons notre emploi du temps le jour de la Rentrée, à l'ancienne. Voilà comment septembre ramène mes rêves à des fantasmes ridicules.
Pour l'instant, il faut que je me réhabitue à Paris. J'ai parcouru la dizaine de blog des lillois, tous en cavale aux quatre coins du monde. En voilà qui n'auront pas à retrouver le climat francilien, lucky them. Je me rends compte combien la capitale me vole des lignes, mais c'est une source d'inspiration, si j'ose dire. La dernière fois que je suis rentrée sur Paris, c'était il y a environ deux semaines. Nous avons voulu boire un café, puis aller au resto. Que nenni, les rues étaient blindées, les serveurs inbuvables, et l'atmosphère ...parisienne. Je ne pensais qu'à une chose : me barrer à nouveau. Chose promise, chose due. Le lendemain, levée à une heure qu'il devrait être interdit de connaître les yeux ouverts, bref, tôt, nous nous sommes lancés à l'assaut des transports. La ligne 3 était bloquée. Car si l'on sait une chose quand on vit dans Paname, c'est que la RATP merde toujours quand on a besoin d'elle. Changement de plan, et marche forcée à travers l'avenue de l'Opéra pour trouver une autre bouche. Et le plus grand des plaisirs est arrivé, celui de se voir quitter la ville, filer à toute blinde dans un train qui semble lui aussi prendre la fuite le plus loin possible de tout ce bordel citadin. Les yeux ramollis par la fatigue, je fixais le paysage qui défilait, et un tas de mots me sont venus. J'écrivais dans ma tête, je retenais tant bien que mal, regrettant déjà ce que ma mémoire aurait oublié.
Sur le retour, j'ai lu Cosmétique de l'ennui, d'Amélie Nothomb. Un petit livre de cent pages qui a permi au temps de passer plus vite. Bon bouquin, avec sa dose de passages dégueulasses.
Pensant ne pas remettre les pieds à Paris à moins d'y être forcée, plus grande fut ma surprise quand hier, je me rendais à Saint Michel et Bercy. La promesse d'une toile me fait tout oublier, même les indélicatesses perpétuelles de cette ville. J'ai réussi à imposer la Palme d'or, à défaut de Pirates 2. "Vas pour Le vent se lève", a-t-il dit. C'est une fois de plus un film que je conseille vivement. Et Cillian Murphy est tout bonnement sublime. Si l'histoire de l'Irlande n'intéresse pas, il faut le voir pour Cillian, pour sa délicieuse voix de ténor.
J'avais quelque chose à ajouter sur le Liban, mais WHSmith m'attend.

lundi 14 août 2006

Nouvelles variations sur le Point du Jour

Aller, encore 4 heures de travail, puis je pourrai tout quitter pour de bon jusqu'aux entrailles de septembre. J'étais partie la fleur au fusil, mardi dernier, toute contente de retrouver la gare de Valence. Il a fallu rentrer pour ce long week-end de labeur, suivi d'une dernière soirée non moins lucrative. Puis, demain, c'est reparti pour les massifs, pour la mer. Cette fois, j'aurai la perspective de l'oisiveté totale. Cela faisait un bon bout de temps que je n'avais pas eu de vraies vacances, et je dois avouer que ma satisfaction est complète.
Ce matin tout de même, j'étais d'humeur massacrante. J'ai engueulé tout ce que je croisais, du frigo au pauvre frère à peine sorti de son sommeil. Après qu'il ait jeté mes céréales et Krisprolls à la poubelle, envahi par une rage indicible (je suis douée pour le faire sortir de ses gongs), je me suis énervée de plus belle, haineuse d'avoir perdu mon petit déjeuner. Puis, cette colère n'ayant absolument aucun fondement, elle n'a pas résisté plus d'une heure. Maintenant que j'ai gueulé un bon coup, je me sens d'un calme olympien, avec une pensée pour mes regrettés Miel Pop's.
J'ai commencé quelques lectures, dont celle du Da Vinci Code. J'étais curieuse de percer à mon tour des secrets aux grands dieux inavouables. Pour l'instant, je m'ennuie. Seule la comparaison phallique de la Tour Eiffel m'a arraché un sourire, car il n'y a qu'un américain pour apparenter la tour à un pénis de 300 mètres.
Ces derniers jours chez Mcdo ne furent pas inutiles, pouvant raconter aux cuistots mes pérégrinations sentimentales et former de nouvelles équipières. Je fais dorénavant partie des "anciens", ces patriarches à la sagesse indéniable dont les recrues fraîches et rebelles se moquent secrètement. N'empêche que les vieux font leur blé sur le dos de leur expérience. N'empêche que ce statut me lassera. Il me faudra donc arrêter, après la prime des guirlandes de décembre. Il ne faut jamais s'éterniser, finalement.
Transition parfaite pour filer et boucler cet ultime message augustin. Retrouvons-nous donc au coeur de septembre, quand les voyages seront derrière nous et qu'on se retrouvera tout con, tout bronzé, devant le clavier.

mardi 8 août 2006

Wild dish


Je ne pouvais quitter les lieux sans lancer un énième éloge. Je viens de revoir le Volume 1 de Kill Bill. Le souvenir de certains films ne suffit pas. Je ne me lasserai jamais des aventures vengeresses de Kiddo. Malgré ma préférence pour le second jet, le premier est divin. C’est terrible comme ma mémoire est douée pour les répliques d’un film, plus que pour du vocabulaire d’allemand ou autres détails capitaux. J’ai savouré le moment, comme dimanche soir, lorsque je suis tombée par hasard sur la rediffusion d’On ne vit que deux fois. Il était très tard, mais je n’ai pas pu résisté au fil de poison et au chat Angora blanc du méchant. Heureusement que l’été est là, pour me permettre de veiller jusqu’aux heures avancées de la nuit. Hier encore, n’arrivant pas à trouver le sommeil tout de suite, je me suis lancée un défi à deux sous, un défi mathématique. Il m’a fallu quelques minutes de concentration pour calculer de tête combien de clients j’avais pu engraisser en une année de bons et loyaux services chez Ronald. Le résultat de ma recherche m’a glacé le sang, puisque j’ai dû servir environ 20 000 personnes depuis mai 2005. J’aurais peut-être préféré que ce soit des vies sauvées, plutôt que des panses remplies aux sucres et graisses en tout genre. Après ce constat alarmant, je me suis endormie comme un bébé.
Entre autres plaisirs télévisuels à la hauteur de mon activité cérébrale actuelle, il y a cette émission incroyablement cruelle, qui consiste à se rendre en couple sur une île isolée, afin de tester la fidélité de son partenaire. Chacun est entouré d’une dizaine de célibataires prêts à tout pour rompre les idylles. Je me délecte de cynisme, hélas, face à ces pauvres gens qui croient pouvoir échapper au sort des hormones. Ca se déchire, ça se venge avec plaisir, un vrai bordel soit disant inattendu. Les défaites cuisantes et egos bafoués permettent à la chaîne de faire des records d’audience, paraît-il. Tant de malheur, c’est triste quand même. Mieux vaut éteindre sa lucarne et dormir sans relâche pour faire de jolis rêves.

Here we are


Après avoir vécu dans un petit puzzle, dont certaines pièces manquaient furieusement à l'appel, après avoir cherché ou concédé quelques trous, je comble finalement les vides. Une chose est sûre, je ne me départirai jamais de mes métaphores pourries. C'est une pièce maîtresse. Donc, le puzzle est presque achevé, et l'oeuvre me plaît assez. La chasse au trésor dans les rues de Paris s'est révélée palpitante et fructueuse. J'ai même découvert des morceaux oubliés de parties passées. Au téléphone au coin d'une avenue, mes yeux étaient fous face à ce jeune homme qui attendait pour traverser. Il avait une démarche qui m'était étrangement familière, un regard plissé par la lumière, redonnant à son visage cet air fichtrement sérieux qu'il avait lorsque nous nous engueulions au clair de Lune. Cela faisait peut-être un an que je n'avais pas vu ce minois. Me trouver là résultait du plus grand des hasards. Lui qui occupait pas mal mes pensées ces derniers temps, le fait de l'apercevoir, égal à lui-même, dans des chaussures italiennes, m'a semblé être une plaisanterie hallucinatoire. Difficilement remise de mes émotions, j'étais heureuse de retrouver une de mes perles au Starbucks, afin de lui raconter le détail de ma surprise. Nous avons ensuite profité des Quais de la Seine pour parler - nous indigner - des désastres de la famille. Car il n'y a pas que les départs à venir, mais aussi une explication de gravure avec le paternel. Ca promet. Je vais souffler sur le lac de mon enfance, au risque de foutre la barque à l'eau.
Je constate que ces quelques semaines parisiennes ne furent pas vaines. Les caisses sont quasiment pleines, et je bouderais presque un lingot offert sur son coussin de soie. Je m'en vais enfin pour les montagnes. Il me reste quelques heures du jour pour descendre certaines chansons dont je ne saurais me passer dans le train. J'ai pris une place côté fenêtre, évidemment. Le mois d'août, bien que surprenant, voire charmant, n'aura pas su me retenir plus longtemps. Je suis repartie pour une vie nomade. J'ai recousu mes poches crevées, jic.
Tous ces évadés qui laissent un vilain trou à mon beau puzzle, je les croiserai bien à nouveau en sillonnant les routes. Pour l'instant, je file à l'anglaise, loin de tous, pour mieux retrouver chacun autour d'un café ou autre boisson chaude.

dimanche 30 juillet 2006

Questions de temps


J’aurais rarement lancé autant d’au-revoir en une journée. Je dois en avoir au moins dix à mon actif. Tout le monde quitte les lieux, comme prévu. Ma foi, je ne me doutais pas que je pouvais être si touchée par le départ d’un collègue de travail. J’avais instauré une loi, il y a quelques temps. Celle de n’entretenir que des liens ponctuels et amicaux avec les équipier(e)s. Après le départ du meilleur d’entre eux et à mon humble avis la perspective de ne jamais le revoir, j’avais établi cette règle. Tant pis donc pour l’ambitieuse, si mon coeur et mon humeur se froissent un peu. Le temps est frais et humide, comme pour marquer le tournant de l’été. Après l’autoroute de juillet, je me retrouve seule, sur une petite ruelle isolée. Le virage est radical, il faut que je m’y habitue, maintenant. Encore quelques quarante heures à trimer, puis je pourrai à mon tour délaisser mes tendres compagnons de route.
Qu’avais-je fait l’été dernier, à vrai dire, je ne m’en souviens plus. Seulement, je n’étais pas si loin de tous, et le mois d’août s’était vêtu de réjouissances diverses bien qu’infimes. Cette période estivale reste toutefois faste, et je ne me plaindrai pas de retrouver une stabilité égarée. Je redeviens sédentaire, à passer mes nuits dans le même lit. En espérant ne pas trop tourner en rond, en attendant la livraison de mon cactus et des affiches, je réfléchirai au sujet de cette nouvelle qu’il me faudrait écrire. J’ai jusqu’à mes 21 ans pour trifouiller dans les méandres de mon imagination, mais je dispose en ce moment du temps nécessaire pour perdre mes pensées dans des histoires complètement loufoques. Le thème de ce pseudo concours est la Bête. Face à ce constat, j’ai tout de suite pensé combien vivre à Paris rendait la tache aisée. Il me suffit de regarder par la fenêtre, ce pauvre type à terre, tabassé à la régulière par deux pingouins suiffeux, ou que sais-je.
Comme perdues dans ces temps de liesse, j’ai parfois jeté quelques pierres dans la gueule de personnes justes, peut-être. Mais enfin, comment déceler le rat du chat ? J’aimerais avoir ce pouvoir. Celui de savoir quel chemin emprunter lorsque deux routes sinueuses mais tentantes se proposent à soi, tant et si bien que l’on voudrait se découper le corps pour goûter aux différentes ciguës. Un exemple parmi tant d’autres, qui d’ailleurs ne me concerne pas mais me chatouille l’esprit : entre un voyage en volontariat international durant plusieurs mois et le concours de l’ENA, que choisir ? Tout cela reste trivial, mais il me paraît difficile de reconnaître ses petits dans la meute. Tout de suite, il y a cette chanson d’un film de Truffaut. Le tourbillon de la vie. Je suis ivre parce que ça tourne, ennuyée parce que c’est souvent pareil, malade que ça ne s’arrête jamais.
Quelques inconditionnels suivent encore le Lapin Blanc. J’ai trouvé un délicieux commentaire, hier soir. Il peut toujours y avoir un lecteur anonyme et lointain, qui flattera vos lignes et votre ego. Nous parlions de cela, plus tôt. Le clan familial s’était regroupé dans la soirée. Trois mômes autour de leur mère, qu’ils chérissent et raillent dans une démesure naturelle. Assis sur un banc du Cour Saint-Emilion, nous évoquions les péchés cultivés par la famille. Il est apparu que l’envie était le petit dernier. L’orgueil, bien évidemment, fut le vainqueur. Un gêne se balade, de génération en génération. Alors, lorsqu’il s’agit de nourrir mon ego, s’en est jamais trop. Elle nous a raconté cette fameuse soirée de septembre, a répété combien notre père était élégant à l’époque, combien elle était amoureuse du Libanais. Je fumais ses cigarettes, je buvais ses petites histoires d’avant. Un rien mélancolique et bucolique sur le retour, forcément. Parce qu’on ne se refait pas.
Parce qu’on ne se refait pas, je vais manger un morceau de ce ciel gris et frais. J’avais oublié le vent qui, dans de timides rafales, fouette le visage et fatigue les yeux. Je n’avais que le goût du café et des croissants de l’Edelweiss, petit bistrot indémodable de la capitale.
J’attends quelque chose, en essayant de ne pas terminer mon paquet trop tôt.

mardi 25 juillet 2006

Mont par Lyon

Je me souviens du ciel de janvier, blindé de nuages cotonneux qui erraient comme des pages solitaires. Les éléments sont devenus de redoutables adversaires.
Au coeur de l'été, les nuits sont forcément bonnes, bien que chaudes. Il manque quelques petites choses pour parfaire le tableau, telles que mes regrettés miauleurs nocturnes. Ces cris berçaient mes songes. Aujourd'hui, le bruit des ventilateurs les a remplacés. Et je dois bien avouer que leur chant est moins noble. Je me lève régulièrement à l'aube, devançant le soleil dans sa course folle. Plus tard, rideaux clos, je rejoins à nouveau mes plumes alors que les heures incandescentes défilent joyeusement.

Prête à fuir ce cagnard ambiant poings dans les poches, j'ai déjà les billes en l'air, pour apercevoir l'éclat des neiges éternelles. Peut-être auront-elles fondu, peut-être les découvrirai-je dans le lit d'une rivière. Le vent soufflera dans la vallée. Peut-être sera-t-il comme une poussière suffocante qui envahit les bronches et laisse crever la gueule ouverte. Néanmoins, je veux retrouver mes gares, mes villes.

A partir de lundi, je passe en tête à tête avec la capitale. Son béton, ses bâtiments et son cafouillage seront pour moi seule. Cela risque de m'amuser quelques jours, puis me lasser, selon les jours. Toutes mes amours se cassent loin de la puanteur urbaine, et moi, l'âme en peine et le coeur facile, je reste encore quelques temps. Mais bientôt, bientôt ce sera l'heure de rejoindre chacun dans ses aventures.
Tant bien que mal, je me nourris de films et de climatisation. Le dernier en date était au cinéma de Bercy, mon préféré. Comme appâtée par le moindre soupçon de fraîcheur, j'ai pris une place pour The Devil's Reject, horreur totale et estivale, juste ce qu'il fallait. C'est l'histoire d'une famille de psychopathes, dans l'Alabama. Sans rentrer dans plus de détails croustillants, mes tripes se sont retournées deux ou trois fois, autour du dépeçage de ce pauvre monsieur ou la crucifixion de cet autre malheureux. J'ai aussi eu quelques frissons, divins créateurs du soulèvement des poils et d'une sensation de fraîcheur.

...Heureuse qui comme Ulysse, chante et brûle en tout temps. Qui comme Ulysse entend et attend les promesses des sirènes, patiemment.

vendredi 21 juillet 2006

"Je hais les malheureux"

"Il me semble que l’humanité se divise en deux parties inégales. Ceux que l’éclat physique, l’assurance en eux-mêmes et le rayonnement personnel rendent invulnérables, et l’immense majorité des autres, qui se définit par le manque, la frustration, l’observation secrète et impuissante de ce qu’ils n’atteindront jamais. Toute ma vie, j'ai vécu en recherchant la compagnie d’êtres solaires derrière lesquels me cacher. Mais l’erreur serait de croire qu’il est possible d’échapper à son sort, comme si à exister dans l’orbite d’un être éclatant, on finissait par gagner soi-même un peu de cette lumière qui nous manque. On les admire, ces êtres forts, on les recherche, on les aime autant qu’on craint les autres et la contamination du malheur. Plus jamais je ne veux rencontrer les hommes, les femmes qui ont habité l’univers de mon enfance, tous bons, timides, fragiles, et trop sensibles aux maux de ce monde. Plus jamais. Je hais les malheureux."

jeudi 20 juillet 2006

Pour qui pleure en chantant

Vraiment, je regrette d’avoir chanté les louanges de la canicule il y a quelques temps. Après une nuit blanche, la fatigue se lit sur mes pauvres yeux. Cette nuit sur Paris fut l’une des pires. Il a plu comme vache qui pisse. L’orage a grondé violemment durant plusieurs heures dans un ciel électrique. Pourtant, la chaleur a persisté, rendant l’atmosphère presque irrespirable. J’avais peur du tonnerre. Le bruit des ventilateurs faisait valdinguer ma tête. J’attendais avec la plus grande impatience que le petit matin apporte sa brise. Pourvu que ce cagnard ne dure pas.

Malgré ma forme ramollie, j’ai tout de même rejoins Chessy. Nous avions prévu de passer la journée à Disneyland, je n’allais donc pas me laisser abattre par une torpeur passagère. Ce 20 juillet fut long et bon.
Des tasses (où nous excellons en terme de vitesse vomitive) au nouveau parcours de Space Mountain ("plus long, plus rapide"), en passant par une évacuation au sommet d’une montagne russe pour cause d’incident technique, nous avons profité autant que possible du Parc. Une fois encore, un bon 40° au soleil nous accompagnait sans relâche. J’ai évidemment pris quelques couleurs, sans gravité. Puis il a plu, encore. Nous avons bu cette eau le bec en l’air, comme un nectar inespéré.
Ce soir, je suis sur les rotules. Mes mains se souviennent encore avec quelle ardeur je les ai sollicitées pour tourner la tasse bleue. J’ai les yeux qui picotent, et des larmes de fatigue coulent parfois. Enfin, nous aurons constaté combien les petites anglaises sont allumées. Un peu plus encore, et j’aurais mis mon poing dans le minois de celle-ci. Elle devait avoir 13 ans, je me suis donc sagement retenue.
Longue et bonne journée, donc. Je déplore seulement que notre "reconstruction de ligue" n’ai pas eu lieu. J’ai maudi quelques secondes les boulots en intérim, puis ai pensé que d’autres occasions se présenteraient. Tu es toute pardonnée, ma biche.

En rentrant par la ligne A, j’étais à côté de deux vieilles dames. Elles surveillaient attentivement deux gamins d’une douzaine d’année. Elles papotaient. J’ai roupillé durant les deux tiers du voyage, mais le reste du temps, leur conversation s’offrait à mes oreilles. "Eh oui, c’est ça, la vie parisienne", ont-elle conclu. J’ai adhéré au propos par un modeste rictus. Il me tarde de quitter la ville, car les conditions estivales y sont lourdes. Même si une ballade "dans le Quartier Latin shake aux lèvres autour de 23h" a son charme. D’ici quelques semaines, je verrai feu les montagnes maudites, puis les vagues de l’Atlantique. Je pourrai retrouver Paris le coeur frais comme un gardon.

mercredi 19 juillet 2006

Après la pluie


La chaleur est étouffante, le soleil de plomb, l'eau ne veut plus être froide, les douches sont longues et les chocolats fondent. Il semblerait que le monde entier soit plongé dans la canicule. Seul le Liban a d'autres chats à fouetter, hélas. Moi qui voulais me rendre au pays natal, je crois qu'il faudra patienter un peu.

Malgré les vents chauds et persistants, ils tournent ! Deux mois durant, j'ai été bercée par l'angoisse et l'appréhension. Mais ça y'est. Je valide mon année avec mention, et suis inscrite pour septembre. En avant pour de nouvelles aventures autour du Quartier Latin...
J'ai toutefois lu un millier de pages, et passer un rattrapage pour rien. Cette chère secrétaire s'est confondue en excuses. Au bout du fil, je suis restée clémente et enthousiamée par l'heureux dénouement de ces péripéties administratives. En raccrochant, j'avais quand même la gorge sèche. Si tout avait fonctionné comme sur des roulettes, j'aurais été en vacances depuis le 22 mai. C'est donc deux mois plus tard que mon âme se calme et s'emballe au moindre son d'Orson. Après une terrible chute, je retombe sur mes pattes et les fait danser glorieusement.
Les auspices étaient bons, ces derniers jours. Même Ronald récompense mon travail par une prime rondelette. Je ne pensais pas qu'il était si notable de vendre de la bouffe. A la bonne heure !

Demain encore, nous allons faire une "reconstruction de ligue". En droit, je me souviens que c'est illégal. Pour notre part, ce sera seulement un régal. Les Profiteroles vont à nouveau se réunir, et profiter gaiement de la pluie, des orages ou du beau temps. Nous allons nous mettre la tête à l'envers, histoire d'inverser les mauvaises pensées. Comme pour une cuite digne de ce nom, le parc Disneyland est un excellent moyen d'évacuer ses tripes. En rentrant, on se sent généralement vide et propre. Il n'y aura qu'à remplir à nouveau nos esprits avec l'été à venir.

J'attends mes affiches. Déjà, le bureau est à Choiseul. Un aller sur Bussy hier aura suffit à faire ressurgir des ombres. J'ai trouvé une ville encore et toujours morte, comme abattue par la chaleur. Le lac rectangulaire, la gare aseptisée et les ruelles parallèles m'ont volés un sourire. Seule dans mon ancienne chambre, j'ai relu des lettres. J'en ai emmenée quelques-unes, trop belles pour giser dans un tiroir. C'était un étrange retour aux sources enfantines. Il ne manquait plus qu'un camion Pomona.
Maintenant, emportée par l'impatience et n'ayant que faire du sol brûlant, je me briserais le dos à monter ce bureau noir. Quel malheur. J'attendrai des renforts musclés et bricoleurs.

Enfin, parmi tant d'autres songes, celui d'un Nouvel An au bord du Pacifique l'emporte largement !


For not all tears are an evil.

samedi 15 juillet 2006

Paris - Los Angeles


Il m'aura fallu quarante bonnes minutes pour lire les derniers articles en provenance de la Californie. Il n'aura fallu que quelques secondes pour me rendre compte que l'existence de feu mon Lillois s'annonce plus palpitante que les nôtres... La semaine dernière, j'ai couru partout, certes. Comme toujours durant les grandes vacances et toute traîtresses qu'elles sont, j'avais prévu un milliard de choses à faire. Dans le lot, il y avait évidemment tout et n'importe quoi, du plus petit coup de fil aux heures de travail acharné. Le boulot a pris une partie importante de mon temps le plus précieux que sont les soirées. En nettoyant la salle et la merde de ces chers clients, je tentais de contrôler mes pensées. Il fallait oublier certaines réflexions telles que "être payé une misère pour mettre ses mains dans la poubelle", ou "je vais tous les tuer à coups de débouche-chiotte". Fort heureusement, j'avais un moral d'acier, prêt à fuir dans n'importe quel fantasme pour échapper à cette porcherie humaine. Mise à part l'ambiance et mes collègues, je ne vois pas pourquoi je reste. ...Peut-être pour l'ambiance et les collègues, qui sont une denrée rare sur la Capitale. Voilà, je me suis défoulée un peu, ça va tout de suite mieux.
Puis, concernant les fantasmes et imaginaires en délire, j'ai de quoi faire.

A lire les dernières réjouissances d'Arthur, avant-premières, studios Fox et Beverly Hills inclus, je trouve les miennes bien moins exotiques... Toutefois, j'ai décidé de métamorphoser autant que faire se peut le petit et néanmoins charmant Choiseul. Adieu aux affiches colorées de Kill Bill, Gladiator et Bob Marley splif au bec. Tout cela restera dans mes souvenirs et mon coeur d'adolescente délurée. Bonjour à Casablanca, aux cadres, à Armstrong et Reservoir Dogs. Un changement de bureau rendra l'appartement plus spacieux (autant que faire se peut toujours), plus sobre et oserais-je ajouter "épuré". L'ajout de plantes par des mains expertes sera la touche écologique et naturelle de ce 6è étage au coeur de la ville la plus polluée du monde.
D'autres réjouissances me viennent à l'esprit. Gardons le meilleur pour la suite. Il va me falloir rivaliser d'inventivité pendant 9 mois.
Aïe aïe aïe...

jeudi 13 juillet 2006

Ca déménage


Après avoir imprimé mes 220 articles passés, et obtenu une liasse de 150 pages, j'ai fait mes adieux au Lapin Blanc. J'ai minutieusement trié et rangé les feuilles dans une chemise orange. A quoi servira ce dossier, je l'ignore. Seulement, reposant sagement dans un coin du bureau, mon regard pourra tomber dessus, un jour d'ennui ou une nuit sans sommeil.
Je me demande si ma Muse n'est pas partie. Plus précisément, à 10 000km d'ici. Depuis le départ de mon cher Plume, plus rien ne vient vraiment se poser sur l'écran ou sur du papier. Ils s'effacent, redeviennent blancs. Si c'est le cas, je n'écrirai que des conneries – et mal – jusqu'en avril 2007. Devant ce constat affligeant, j'offre à qui en a le courage de devenir une Muse. Il suffit d'être éloquent, de savoir chanter, danser ou jouer un instrument, d'exceller dans l'art du lyrisme exacerbé et de proposer régulièrement un nectar d'inspiration céleste. Mais attention, je pourrais changer n'importe quel intrus en pie. C'est un choix personnel que seul les Apollons pourraient comprendre.

Autre chose me tracasse. J'aimerais trouver le script de Faubourg Saint-Denis, dans Paris Je t'aime. J'ai torturé Google durant des jours pour le trouver, sans succès. Ce court-métrage est de loin mon préféré parmi les 21 proposés. Le texte en voix-off est sublime. Je ne vois pas comment l'obtenir. C'est une impasse terrible qui me plonge dans un profond désarroi. Certes, j'ai songé à voir le film une dizaine de fois, pour noter chaque phrase au fur et à mesure. Ce serait un dernier recours.

Enfin, je tiens à saluer le monde du Football. Même si nous avons perdu la Coupe du Monde, je reste positive face aux enseignements reçus durant cette finale. Grâce à Zidane, nous avons appris une technique imparable pour faire bouffer la pelouse à un adversaire. Et grâce à Materazzi, nous avons compris que tous les italiens ne sont pas des poètes. Merci.

J'offre une sérieuse récompense à qui me trouvera le script.