mardi 30 octobre 2007

All about nothing


Dans le bus, on voit plein de choses. C'est un pôle d'inspiration, contrairement au métro, dont les muses se limitent aux quelques frasques des passagers.

Du bus, je vois souvent une église assez mignonne, qui file vite.


L'Eglise ! En bonne athée, je regarde ce monde-là d'un oeil pessimiste et admiratif. La religion, bonne réponse aux mystères de l'univers ? Je sais pourquoi et comment j'en suis là. C'est énorme. On aura construit de sublimes édifices à travers le monde ; on aura donné une réponse complexe et belle à l'origine de Tout. On aura répondu à la fameuse et invariable « qu'est-ce je fous là ? »


Je ne suis pas mordue de cette réponse, même si elle est complexe et belle. Je préfère croire qu'il n'y a pas de réponse, que c'est un hasard, un pet de l'univers. Dans ce cas, on ne serait là que par un concours de circonstances, heureux ou malheureux. De mon point de vue, c'est heureux, car vivre, c'est pouvoir manger du canard, boire des vins succulents, faire l'amour, dormir, vieillir et mourir. Ca me va.


Faire la guerre, crever la dalle, être reléguée au rang d'une merde, être surveillée, exécutée, je connais pas. Ca me va. Je ne suis pas juive, je ne suis pas noire, je ne suis pas homosexuelle, je ne suis pas tutsi, je ne suis pas darfourie, je ne suis pas pauvre, je ne suis pas chômeuse, je ne suis pas communiste, je ne suis pas bonze, quoi d'autre ?


Mais l'inquiétude me taraude quelques fois. Au moins, sois prudente. J'ai appris quelques morceaux d'histoire, j'ai déjà vu quelques sales trucs, j'ai déjà fait quelques sales trucs. Je sais à peine de quoi je suis capable, de quoi ils sont capables. Mais j'en sais assez. Au moins, sois prudente.


Dans le bus, il y avait un moustique. Il s'est posé sur la vitre, juste à côté de moi. Je l'ai observé quelques temps, j'ai hésité. J'ai glissé ma main dans mon sac, j'ai attrapé un livre. J'ai encore hésité. Puis, ne pouvant supporter plus longtemps cette présence étrangère et menaçante, j'ai stratifié la bête contre la vitre avec le bouquin.


La religion m'est une illusion rassurante, vraiment admirable, mais peu familière. La civilisation est un vernis. La culture m'est une réponse valable. La barbarie m'est un poil de jambe, qui pousse et qu'il faut couper tous les jours. Un pet de travers, et la belle cathédrale s'écroule.


[Ma question]




Non contente de m'être réveillée une demie-heure avant le début de mon cours hier, il a fallu que de nouveau, je me fourre dans le trou du cul du monde ce matin.

Pour un lever doux et facile, on parla longuement des suicides sur les rails de l'Île de France à la radio.

Heureux sujet dont Murphy, alors d'humeur macabre, s'empara sans attendre.


Un voyageur avait décidé, ce matin vers 10h, non plus de voyager mais d'éparpiller son désespoir sous un métro.

Mise en branle par ce terrible incident commun, la ligne s'est totalement interrompue, empêchant de ce fait les voyageurs qui avaient décidé, ce matin vers 10h, de voyager simplement.


L'heure tournait, et aucun moyen de gagner Censier-Daubenton. Mon cours d'économie débuterait certes en retard, comme toujours, mais j'allais pour sûr lui mettre une piquette.

Bien poucavé en effet, car j'arrivais près de trois quart d'heure après son commencement.



Entre temps, j'avais trouvé bon de tester le Tram de cette catin de capitale, car, ne se vendant qu'aux plus offrants, ses taxis sont bien trop chers ; de monter dans un bus 47 plein à chier ; et en dernier lieu, pas des moindres, de recevoir sur la tronche les éclaboussures laiteuses d'un yaourt jeté juste pour rire sur la foule.

Malgré mon retard, je m'accordai du temps pour une clope nécessaire mais pas suffisante, et en abdiquai une seconde à un type aux abois nicotineux.

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[...] J'aurais dû m'appeler Darcy.

dimanche 28 octobre 2007

Mélalcoolique


J'avais l'intention d'écrire une bafouille sur les églises, les génocides, les livres et les moustiques, et leur relation étroite, mais je vais penser plus ce sujet avant de ne dire trop de conneries.


Je vais évoquer un thème éculé, mon thème de prédilection, celui qui fait que je me répète mais qui me laisse toujours pantoise : de l'alcool évidemment !


A mon âge, l'heure des premières cuites n'est pas encore bien loin mais bel et bien passée.


En revanche, et quelle revanche, j'ai fait connaissance avec une autre moi : l'alcoolisée mélancolisée. Quelques verres auront suffit, car ce n'est pas une question de quantité, curieusement.


Ce n'est pas la fureur de la cuite, ce n'est pas le déséquilibre corporel, ce n'est pas l'euphorie furieuse et l'impression d'aimer le monde entier. Non ! C'est au contraire la compagnie d'une brusque solitude, isolée au bord d'une fenêtre. C'était des larmes lourdes et du doute existentiel en barre.


Et aux doutes, que l'on peut se poser tous les jours, l'alcool apporte des réponses terribles ; toutes faites, implacables. Et je savais bien que ce n'était qu'un sale effet, un artifice à 14°, mais je ne savais pas si c'était un accès de lucidité, ou bien une erreur, une errance excessive et passagère.


Je ne sais toujours pas.


jeudi 25 octobre 2007

Wiisez-vous

La maison est nouvellement propriétaire de la Wii, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça s'entend. Le nom de cette console est particulièrement bien choisi, puisque ça crie « ouii ! » sans arrêt. Quand on gagne un match de tennis, on crie. Quand on tarte la tronche d'un pauvre type en le mettant K.O. pendant dix secondes, on crie.

La télévision n'est pas encore en miettes, mais en voyant mes chers camarades mimer des uppercuts et faire des services nadaliens à moins de cinq centimètres de l'écran, ça suscite l'inquiétude.

Si par mégarde, on traverse le salon en pleine partie, on prend le risque de se prendre le revers bis dans la gueule. La Wii double les adversaires. Il y a les virtuels, il y a les réels. C'est donc un excellent moyen de régler ses comptes et de torgnoler 'sans faire exprès' ses vrais ennemis. La vie en communauté se voit enrichie par cette nouvelle façon de mettre les points sur les ii.

D'une pierre deux coups !

Qui perd son latin

Moi qui m'enhardissais en citant Defoe il y a quelques jours, le bonhomme m'a donné du fil à retordre... J'ai ramé sur le radeau de la langue française pour traduire son Moll Flanders, et ne suis même pas certaine de la qualité du résultat. Hélas, il y a une note à la clef, au coeff' aussi gros que le cul de la reine.


Je déplore que nous n'ayons pas un vocabulaire aussi flexible que nos amis d'outre-manche. Il m'aura fallu du temps pour trouver les bonnes pistes d'atterrissage : à un moment, je me suis envolée dans les hautes sphères de la syntaxe, donc les fautes ont voltigé et se sont multipliées.


Plus rien ne sonnait ma cloche, et même le mot temps, à force de le tourner dans tous les sens, m'est apparu dépourvu de sens. Faire une traduction est le meilleur moyen de perdre les rouages de sa langue maternelle, et de plonger ses neurones dans le plus vif des désespoirs !


mercredi 24 octobre 2007

A essayer



Le rythme s'affole et les poulets se font trancher la tête :

Mais pour une fois, ce ne sera pas pour sonder mes fréquences. Ce bout de texte est une relâche dans la folle cadence de ma décadence ; soldats, rompez !

Arcade Fire a l'avenir prometteur.
Non seulement certaines compositions sont écoutables, voire plaisantes, ma
is en plus, ça innove, ou ça retourne en arrière. En tout cas, ça change.
Ici, le clip interactif de Neon Bible, entièrement conçu pour une utilisation via Internet, dont l'aspect dégarni a séduit mes pupilles. On peut surtout jouer avec sa souris, et voir ce que ça change, so in...

Monde effictif

Ah, petite tanière ! Ca fait longtemps que je ne me suis pas languise de toi !


Et tu reviens comme ça, sans crier gare, « gare ! » ! Je ne sais pas si je me souviens encore bien de toi, car il me semble qu'à mesure que le temps nous sépare, je perds tes petits angles et le détail de tes charmes.


Mon beau, j'étais comme un chat avec toi. Et j'ai toujours adoré être un chat. Ils sont si doux, péteux et solitaires ! Certes, ils reçoivent avec plaisir quelque papouille de temps en temps, mais on ne crache pas sur un air de guitare.


Pourquoi écrire sans réfléchir, parce que ma réflexion j'en ai marre, et que je veux laisser parler ce qu'il y a dedans. Un chat, une montagne et une guitare, qui se rencontrent et qui montent un groupe, sans crier gare.

Penser, écrire, pencrire. L'intérêt est réduit, mais l'exercice est captivant. Sans queue ni tête, ce texte, alors qu'il sort de ma tête.


Ah ! Petite tanière...


mardi 23 octobre 2007

J'y pense donc je suis


J'ai enfin trouvé ce que je cherchais !


L'année dernière, un concours était proposé aux étudiants de Paris III. Il fallait écrire une nouvelle sur un thème précis, pour gagner une somme rondelette et être publié je ne sais où. J'avais loupé le coche, malgré mes bonnes intentions. Le thème ne m'inspirait pas plus que ça.


Cette année, l'avenir étant prometteur mais incertain, je me dis que c'est le moment ou jamais de tenter le coup. Le thème est 'CRU' (ou le don de trouver le mot qui tue).


Après force trajets de bus et de métro, passés à creuser une idée, passés à les enterrer aussitôt, j'ai enfin trouvé quelque chose.


Dans le métro, il y a toujours une ou deux personnes qui réfléchissent à un début d'écriture, roman, nouvelle ou article. Il faut bien observer son voisin, car apparaît parfois une ampoule au-dessus de sa tête.


Et voici comment je réinventai l'électricité... Ha ha !


jeudi 18 octobre 2007

Ce que je ne suis pas


Parfois j'essaie de comprendre ce que je ne suis pas.

Je ne suis pas encore vieille et je ne sais pas qu'un jour je serai flétrie. Ca me vient rarement à l'esprit. J'y pense quand je vois une vieille dame dans le métro. Je vois ses grosses chevilles, son sac qu'elle porte en bandoulière, ses mains qui tremblent pour ouvrir la porte et la cadence lente ou fragile de sa marche. Je vois aussi ses rides et sa bouche affinée par le temps, ses lèvres qui furent peut-être charnues, maintenant amincies.

Je ne serai jamais un homme, et je suis souvent interloquée par l'attitude masculine. Les femmes m'étonnent rarement. Elles sont moins le fruit de mon attention. Elles sont moins intéressantes parce que je les connais mieux. Je ne dis pas que je déteste les femmes, je dis que j'aime les hommes.

Je dis merci à Vincent Baguian, pour cette chanson pleine de finesse, qui accroît toujours plus ma tendresse infinie pour la gente masculine...



mardi 16 octobre 2007

Chercher le mal


Toutes les Bibles sont une mine. L'Homme et l'Histoire l'interprètent à leur guise, et donnent telle ou telle portée au texte, selon les circonstances ou leurs propres intérêts.
Souvent, ces interprétations sont mauvaises. On peut dire que l'ancien et le nouveau testament sont, çà et là, le support idéal pour les plus ignobles ignominies.
On peut dire que le Manifeste de Marx tomba en son temps dans des mains regrettables.

Alors, quel mal y'aurait-il à sur-interpréter à mon tour ce bon Defoe, qui en son temps, n'écrivit pas que des conneries ?!
Parce paraît-il qu'une fois qu'on a passé les bornes, il n'y a plus de limites.

Mon interprétation est, qui sait, scandaleuse. On n'exploite pas un grand texte pour son propre intérêt, c'est une question de tact. Mais pourquoi eux auraient ce droit, et pas moi ?
Je ne ferais de mal à personne, si ce n'est aux puristes de la littérature qui en auront vu d'autres et qui ne s'attarderont pas sur cette innocente liberté.

[ De même, j'aurais aimé mettre le nouveau Nude de Radiohead sur mon précédent article. Mais je me suis soumise à un insondable doute. Je ne pouvais pas mettre un son sur une telle photo, encore moins ce bon Thom Yorke. Alors je ne l'ai pas fait. Mais enfin, où serait le mal...? Pourquoi un morceau d'Histoire devrait rester figé ?
Donner Dies Irae à une tragédie historique s'est déjà vu. Mettre du Radiohead serait malvenu. Pourtant ce n'est pas un scandale, c'est juste stupide.

Ou c'est un anachronisme. Peut-être que les pics historiques ne sauraient supporter une mélodie plus jeune qu'eux. ]

Je vois bien le côté border-line de mes questions, et je crois que j'ai quelques réponses.

Mais à mon échelle, je crois aussi que c'est moins grave :

- Si tu es malade, trempe un bout de pain d'épice dans un yaourt aux fruits rouges !
("Let 'em remember that a time of Distress is a time of dreadful Temptation"
Moll Flanders, Daniel Defoe, 1722)

lundi 15 octobre 2007

Art is money


En son temps elle eut son importance. Cette photo, j'ai lutté et je lutte encore pour l'obtenir dans un format digne d'elle, à la hauteur de sa grandeur. Comme avec toutes les choses que j'aime, je ne sais plus vraiment où, ni quand j'en suis tombée amoureuse.


J'ai embêté tout mon monde avec cette obsession. J'aurais demandé à mon chat qu'il se charge de la trouver, il n'aurait pas été plus surpris que ça. Il faut dire que je l'avais habitué à bien des monologues étranges.


Après moult recherches, il s'est avéré que ce cliché n'est pas en vente libre. Il faut acheter les droits d'auteur, et de ce fait, déverser une somme folle à ce propriétaire.


Que pareille photo soit la propriété de quelqu'un n'est pas sans ironie...


J'ai toutefois usé de mes talents informatiques – accompagnés d'autres talents de mon monde -, pour sortir un A4, toujours mieux que rien.


Il faut maintenant que je lui trouve un cadre sobre et noir, de sorte que le blanc éclate et qu'en l'observant attentivement, j'entende Berlin.
J'entends les crépitements du feu, j'entends le drapeau rouge frappé par le vent. Je sens la fumée du loin, et bientôt, elle me pique les trous de nez.


Mais ça ne répond toujours pas à ma question :

pourquoi ce militaire, en bas à droite, porte-t-il deux montres ?


samedi 13 octobre 2007

Tiens !


On dirait bien que c'est mon 341ème poulet ! Ca me donne le vertige, tous ces articles. C'est comme une bouteille à la mer, un post sur la toile. Ca part je sais pas où. Y'aurait des vagues un peu partout, y'aurait des remous. Ca se perdrait, et surtout ça flotterait tout l'temps.

Faut fêter le nombre 341. Parce que c'est pas un nombre intéressant. L'intérêt et l'utile, c'est pas mon fond d'commerce. J'écrirais des trucs mieux sinon, j'ferais plus attention. Faut pas que j'mexcuse de parler que d'moi. J'ai pas droit d'écrire sur les autres. Alors j'mexcuse pas. Faut pas se mexcuser, c'est pas une bonne idée. Faut pas tendre le nez, après on s'fait bouffer la tête.

jeudi 11 octobre 2007

A mighty maze


Après Grindhouse et Les Chansons d'Amour, je ne pensais pas trouver un nouveau film qui entrerait dans mon palmarès. Eh bien si, c'est chose faite.

Avec Un Secret, ils sont maintenant quatre à se battre dans cette petite place de mon coeur, celle où il est écrit 'Cinéphile'.

Le dernier film de Claude Miller est une pure merveille. Sûr, je m'emballe. Mais des circonst
ances atténuantes peuvent plaider en ma faveur. Et je plaide coupable pour toute exagération et pour l'emphase qui me conduira à décrire ce bijoux.

J'ai rarement pleuré au cinéma. D'abord, ça fait couler le rimmel, et puis, je n'aime pas montrer au monde que je suis touchée par une simple fiction. Chialer, c'est trop personnel, alors je veux bien le faire devant quelque connaissance, mais certainement pas devant les spectateurs. Non mais.

Hier soir pourtant, j'avais beaucoup de mal à contrôler mes grosses larmes. Je sentais que ces deux-là allaient bientôt tomber de mes yeux et rouler bruyamment sur mes joues. Mais ce film, petit mélo au secret évident, glisse vers une tragédie à la lame fine et aiguisée et me transperce.

J'aurais aimé qu'il s'arrêtât un instant, que je pusse reprendre mes esprits !

C'est l'histoire d'un secret, évidemment. Au départ, toute orgueilleuse que je suis, je jette l'éponge, car j'ai deviné de quoi il s'agissait. Mais au fil du temps, ce secret, si limpide et si simple, devient o
paque et je perds tout repère. Alors, je sombre dans l'histoire, à point pour prendre ses fins rouages en pleine gueule.

C'est une histoire terrible, d'autant plus qu'elle est "tirée de faits réels", comme on dit. Cet avertissement m'avait laissée sceptique. Il me laisse toujours sceptique. Je n'aime pas cette façon de dire 'C'est triste, mais en plus c'est pas pour de faux, alors chialez camarades'. Mais ici, ça marche du feu de Dieu.

C'est une tragédie shakespearienne, qui monte délicatement dans les tréfonds de l'horreur, et se termine dans la tendresse sèche des survivants.

Je n'ai pas envie de révéler quoique ce soit du-dit secret ou de l'histoire, trop compliqués à résumer de toute façon. Je peux seulement louer ce film, qui est une vraie réussite cinématographique.


Comme dans La Vie des Autres, le scénario est finement rôdé, voire moins linéaire, plus tortueux et tout autant saisissant. Les normaliens parleraient d'une intrigue aristotélicienne. Grosso merdo, ça voudrait dire que c'est bien ficelé, parce que les codes d'Aristote en matière de narration sont indémodables, et que le cinéma snobe gravement ses bons conseils.


Quant aux flash-backs, qui ne sont p
as une mince à faire et alourdissent bien souvent l'affaire, ils sont ici menés avec une impressionnante fluidité. Et, alors qu'ils sont pris par les grands sentiments de ce monde et bouffés par la grande hâche de l'Histoire, le jeu de Bruel, Cécile de France et Ludivine Sagnier est admirable de simplicité.

Comment, selon le contexte, une histoire d'amour peut devenir une histoire de mort. Réponse affolante et brillante de Miller.
















mercredi 10 octobre 2007

Now, Gods, stand up for bastards !




* Le cours de civilisation est terminé. Pendant une heure et demie, j'ai entendu un professeur déblatérer ses histoires sur les Pilgrim Fathers, j'ai supporté les rires et autres piaillements des élèves dilettantes. Je suis fatiguée, et pendant le trajet du retour, je ne pense qu'à une chose : me fourrer sous la couette en arrivant et dormir jusqu'à 23h.


Mais non. A peine rentrée dans mes pénates, je m'enfile un sandwich et un financier au chocolat, histoire de reprendre du poil de la bête. Je ne vais pas pouvoir assouvir ma pulsion couetteuse, je ne vais pas pouvoir me glisser dans la chaleur de mon lit et m'endormir en un tour de main devant l'affligeant et délicieux Destin de Lisa. Je vais devoir m'engoufrer à nouveau dans le métro et restée collée sur la vitre du wagon, parce que c'est l'heure de pointe. Ce n'est pas qu'une impression désagréable : le monde entier rentre du boulot et s'entasse, pressé de rejoindre son foyer et sa soirée.


Amérement, je viens de quitter mon foyer à moi, je suis partie avec tout l'équipement dans mon sac à main, prêt(e) à craquer. J'arrive à bon port, sur le lieu de toutes les abnégations, de tous les efforts. Je sais que je ne tiendrai pas cinq heures sans deux ou trois cafés bien tassés. Après avoir constaté l'ambiance survoltée de l'endroit et lancé quelques saluts mous, je me précipite dans le vestiaire qui pue. Tout est une question de vitesse, alors j'enfile pantalon, chemise, chaussettes et chaussures à la hâte. Ce sera toujours ça de gagné pour mes bols de caféine.


Je descends en salle de pause, en tenue, et là, je retrouve Le Destin de Lisa. Sauf que je ne vais pas pouvoir m'endormir devant, hélas. C'est pourtant à ça qu'elle sert, cette série.


Je remonte, je pointe, et ça commence.



* Le cours de traduction est terminé. Pendant une heure et demie, j'ai savouré ce qu'un professeur pouvait suggérer : ses tours de passe-passe linguistiques, ses anecdotes, ses chassés-croisés et sa satisfaction devant un texte devenu français. J'ai faim, une faim de chacal. J'ai envie d'en griller une aussi. Je vais sur le parvis fumeurs de Censier, j'allume mon téléphone, j'écoute mes messages. Je rappelle. Je passe une heure au bout du fil, à papoter, à bavasser, à rire et à piailler. Mais j'oubliais ! Je voulais fumer un clou de cercueil ! Je le plante tranquillement.


Il serait temps de rentrer. Le trajet est assez long pour que je parcoure Le Monde. Dans le bus, on sent un mélange écoeurant et amusant d'artichaut et de vanille. Je voue un amour sacré aux deux éléments, alors il n'y a pas de quoi se plaindre. Ce serait la meilleure.


J'arrive à ma station. Je descends et prends la rue qui me mènera chez moi ; avec nonchalance, des pas d'éléphants qui me défoncent les talons. Je me traîne.


J'ai toujours faim, une faim de chacal parmi les chacaux. J'engoufre quelques céréales et achève le camembert puant, il était temps. Je regarde l'heure. Bon sang, j'ai une heure devant moi ! Je traîne, traîne, traîne. L'ennui, je le déguste à toutes les sauces, mais Internet reste la meilleure recette.


Enfin, il est temps de repartir. Dans cinq minutes, je serai sur les lieux. Je sonne, la petite ouvre. Nous échangeons quelques banalités avec une infinie satisfaction. Nous montons dans sa chambre, nous posons sur deux sièges. Et c'est parti. Pendant une heure et demie, je vais revoir ma classe de 4ème : le théorème de Thalès, les nouvelles de Maupassant, la reproduction, j'en passe et pas des meilleures. Nous avançons. « Tu es sûre que tu n'as rien d'autre pour la semaine prochaine ? Et combien font 6 x 7 ? Et tu as compris ce que c'est qu'une secte ? Et ton vocabulaire, cherche 'spasmodique' dans le dictionnaire. Avance-toi pour la prochaine fois. A vendredi ! »


Je n'ai plus de télévision, mais Le Destin de Lisa n'avance pas, et je suis persuadée de la retrouver dans 10 ans aussi vilaine et vertueuse. Je n'ai plus de télé, mais je suis plus heureuse comme ça.




dimanche 7 octobre 2007

Y'a que les imbéciles...


Quatre petites choses, quatre détails en une journée...

- Le XV de France bat les mythiques All Blacks
- Je frétille devant ce ¼ de final de rugby
- J'achète la Sainte Bible de King James
- Je lis quelques Ezékiels


...qui me font dire que j'ai changé.



Sur mon intérêt pour le sport, sur mon pessimisme, sur mon credo anti-clérical.


M'enfin je reste une imbécile, parce que d'abord, j'te ferais dire qu'on va perdre contre les anglais, et parce que la Bible, c'est rien que d'la culture générale. Na.


jeudi 4 octobre 2007

...Où nous faisions les fous








Avec ce nouveau portable, ce nouveau téléphone et bientôt cette nouvelle carte bleue, je sentais à peine les effets du cambriolage dont je fus l'heureuse victime.

Mais ce soir, alors que j'envisage de rendre hommage à une soirée madrilène particulière, je me souviens avec désarroi que je n'ai plus aucune photo ! Pour agrémenter cet article de jolies images, il aurait fallu que j'enregistrasse le millier de fichiers que j'avais sur mon Fujistu... chose qu'à mon grand regret, je n'ai pas faite.

J'avais même un petit film... Si j'étais bourrée, j'en chialerais.

Cette soirée est en date du lundi 17 septembre dernier. Et quelle soirée...

J'avais attendu deux heures durant que Charlie termine son cours. En Espagne, ce n'est pas un mythe, on dîne tard, on travaille tard, même les étudiants. Mon Erasmus préféré avait donc un horaire farfelu et fut de retour vers 22h.

Après un grand bol de Gazpacho, une moitié de melon blanc et quelques pâtes, nous étions prêts à "aller boire un verre". Il n'était que 23h, en somme le début d'une longue nuit...

J'ai du mal à certifier de l'endroit, mais il me semble que nous avons retrouvé quelques autres Erasmus (France, Allemagne, Amérique Latine) sur la Plaza Santa Anna.

Remarquons la sympathie et la générosité de toutes les personnes rencontrées là-bas... Des gens de tout âge, de tout pays, généralement afables et agréables, intéressants, enrichissants...

Notre petite équipe s'est donc dirigée vers le "Old Wine", sous les conseil de Kevin. Il s'agit d'un bar qui se targue de vendre de très vieux crus français.

Nous avons sifflé deux bouteilles tous les sept, environ trois verres par personne donc.

Je n'ai JAMAIS été aussi bouillonnée de ma vie.

Ce vin, ici, les espagnols ne l'appellent pas du vin, mais de "l'eau de vie"... Et ils n'ont pas tort !

En Normandie, je m'étais envoyée un fond de Calva de 20 ans d'âge. J'étais un brin 'pompette'. Mais ce soir madrilène-là, je crois que je peux considérer que nous avons bu trois bons verres chacun non pas de "vieux vin français", mais de pousse-café qui arrache la tronche !

Ils sentaient fort, mais étaient très frais et fruités en bouche. Etonnant donc que nous ayons été aussi atteints, car évidemment je n'étais pas la seule à tourner à mille km/h... J'ignore encore comment nous sommes parvenus à rentrer.

Après avoir gravi les trois étages et rejoint la chambre, nous étions Charlie et moi à deux doigts d'être malades.

Ce n'est pas tant qu'il y eût des trous noirs, mais certains 'avance rapide', peut-être...

Jamais aussi peu d'alcool m'aura autant murgée, et je crois que je ne serai jamais plus dans cet état pour 3€. Nous l'avons donc bâptisée la "murge rentable".

Cette soirée là reste spécialement figée dans mon souvenir, pour ce qu'elle m'a fait voir, et à quelle vitesse elle me l'a fait voir.

Car en me couchant, vers 3h30, après avoir appris une mauvaise nouvelle (quand on est bourré, les mauvaises nouvelles sont encore plus mauvaises...), et en fermant les yeux, je crois bien avoir parcouru plusieurs galaxies lointaines. Ma tête s'était transformée en un vaisseau qui tournait ou tombait, qui accélérait sans relâche, jusqu'à me filer le vertige d'une chute d'environ 300m.

Qu'il était haut, le building !

Bien sûr, je connaissais cette sensation, ce n'était pas mon premier bouillon, mais cette fois-là fut d'une efficacité... renversante.

Voilà pour ce qui est de LA murge madrilène ; inattendue, excessive et incroyable, comme toutes les murges de la vingtaine.

Mais il y a eu un tas d'autres choses incroyables, inattendues et excessives. Comme ce samedi soir, cette nuit blanche de folie à courir partout dans les rues de la capitale ibérique...

Je dormais à 23h, je pétais le feu à 3h.

La recette ? Une nana surexcitée qui vous embarque dans sa voiture, qui met son son à fond, qui fait exploser le beat dans vos oreilles fatiguées, qui vous dépose devant un bar grouillant et tout aussi surexcité que cette nana en question.

Au moment d'entrer dans ce même bar, la foule qui l'occupe sort d'un coup... Elle pleure, elle renifle. Nous comprenons qu'une lacrymo vient d'être jetée dans la salle ; et c'est bien la première chose qui m'aura marquée chez les madrilènes : pour mettre l'ambiance, on jette la lacrymo !

Le boulet n'a pas été retrouvé, et les fêtards sont rentrés à nouveau dans le bar, à peine cinq minutes après l'incident.
...Ou comment les espagnols savent ne pas s'arrêter au moindre "soubresaut" nocturne !

Ce serait hélas bien trop long de tout raconter, et je suis bien trop fatiguée pour me fatiguer encore plus à faire des métaphores à la con comme à mon habitude.

J'aime Madrid et, comme de toutes les capitales, je préfère sa vie nocturne, dézinguée et déglinguée...

PS : on m'excusera pour l'improvisation du drapeau espagnol ci-dessus.
A la guerre comme à la guerre, c'est le topinambour du jour !

mardi 2 octobre 2007

Tuerie à Miami


Paraît-il que c'est le serial killer préféré des americains !

J'ai nommé Dexter, jeune homme expert en science sanguine de jour ; tueur en série et monstre méticuleux de nuit. Il y a une seule cohérence chez Dexter : le sang.

Il nous parle, nous regarde, nous regarde le regarder, nous sourit. Ses petites confessions délivrées par sa voix de velour sont un délice et une horreur, et pour une fois, le spectateur en prend pour son grade de voyeur malsain. Et quand il me dit : I only really feel like myself when I'm surrounded by blood, et qu'il met en route sa scie, je ne sais pas si je tremble ou si je frétille !

Michael C. Hall s'était déjà fait remarquer avec l'excellente série
Six Feet Under, dans la peau de David, le "cadet gay". Il était irrésistible. Son physique ne fait pourtant pas l'unanimité, mais son charisme et son talent sont une source inépuisable de charmes.

Et nous le revoilà dans le rôle d'un psychopathe organisé, devenu en une saison la coqueluche des 'ricains. Un personnage aussi border-line que tordu...
Qui l'eût cru ?

Les saisons sont courtes, et l'on suit les péripéties tant diurnes que nocturnes du pétillant meurtrier. Chaque épisode éclaire un peu plus l'histoire de Dexter. Mais on suit aussi les enquêtes policières, ce sordide personnage étant expert scientifique, donc aux premières loges des crimes sanguins de Miami.
...Chose qui l'amène évidemment à démasquer d'autres tueurs, ce qu'il considère avec sarcasme comme un jeu.

C'est bien ficelé, malin, croustillant, cru, rouge, cocasse, et les personnages secondaires ne sont pas relégués au dernier rang de rigueur.

Je me régale à l'idée de pouvoir dévorer la deuxième saison, morceaux par morceaux...

A table, c'est Dexter qui sert !

lundi 1 octobre 2007

Ca veut dire quoi ?

...Au cas où l'on me demanderait pourquoi j'aime traduire l'anglais, je répondrais ceci :

KENT

Un salaud, une canaille, un bâfreur de morceaux tombés des tables ! un vil, vaniteux, crétinesque, clochardesque, servile pour trois hardes, larbinesque à cent sous, merdeux, laineux aux pattes, salaud ! une lavette, un salaud à faire partout des histoires ! un fils de putain, un lorgnonnard, un hyper-lèche-cul, un effronté fienteux ; un gueux dont tout l'héritage tient dans une boîte ; un individu qui comme loyal service ne voudrait que le maquereautage ; oui, toi tu n'es rien qu'un concentré de salaud, de gueux, de lâche, de satyre, que le fils et l'héritier d'une chienne bâtarde ! Un individu que j'aimerais étriller jusqu'à ce qu'il hurle, s'il osait nier la plus petite syllabe de tout cet assemblage de titres !


"A knave, a rascal, an eater of broken meats; a base, proud, shallow, beggarly, three-suited, hundred-pound, filthy worsted-stocking knave; a lily-livered, action-taking, whoreson, glass-gazing, super-serviceable, finical rogue; one-trunk-inheriting slave; one that wouldst be a bawd in way of good service, and art nothing but the composition of a knave, beggar, coward, pandar, and the son and heir of a mongrel bitch: one whom I will beat into clamorous whining if thou deni'st the least syllabe of thy addition."

King Lear, II, 2, 1605 - William Shakespeare