samedi 31 mars 2007

Longue route et mauvais bout

Les hostilités ont commencé, un partiel est passé. Quatre heures de concentration sur Tristram Shandy, et enfin, enfin, j'aime ce bouquin de neuf volumes, dont l'épaisseur frôle les trois centimètres. Le passage qu'il fallait commenter est à mourir de rire, blindé d'allusions licencieuses délicieuses, à l'humour complètement rabelaisien. J'ai appris le sens du mot 'chausses', que mon âme percluse d'innocence ignorait jusque là. J'ai sorti le plume, qui glisse plus vite sur le papier et me fait gagner du temps. Je l'ai plongé dans l'encre de mes idées. Des bruits sortis de nulle part ont rompu le silence studieux de la salle, des bruits sortis des ventres, en fait. Comme d'habitude, il y avait un étudiant malade comme un chien, qui reniflait comme un pauvre cochon, et crachait ses poumons sur sa feuille, à défaut de mots. Le pauvre. Des années de partiels m'attendent encore. Mieux vaut m'y faire et apprécier l'exercice.

vendredi 23 mars 2007

Regarde par une larme comme le monde est flou.

Il fait froid, il est tard. J'ai froid, je suis fatiguée. Il fallait que je me couche tôt. Pourtant, je suis encore là, les yeux rouges et ouverts. Alors j'en profite pour lâcher quelques mots à qui voudra les attraper. Rien de bien neuf, que du vieux. Je trace ma route dans le désert, grand mais rempli de beaux mirages. La solitude talonne gaiement mes pas. Elle me suit comme une ombre, pas désagréable mais parfois pesante. En même temps, où avais-je la tête, on avance souvent seul dans un désert.
On n'est jamais aussi seul qu'on le pense.

Ensemble, c'est tout est avant tout un bon bouquin, paraît-il. C'est aussi un film touchant. Et puis, comme Camille, je suis incapable de sortir un de ces "j'ai pas envie que tu partes", et autres expressions du coeur. Alors forcément, ce personnage m'est allé droit au coeur, sans toutefois lui faire du bien, me rappelant combien ma glace est difficile à briser sans un pic adapté.

Je sais quand même pleurer les yeux fermés, faire rouler des larmes sur le bout de mon nez, et goûter leur sel sur le bout de mes lèvres. Les vents désertiques n'assèchent pas tout, pas encore.
Je passe quand même de bons moments.

Il paraît que les gens heureux ne font pas de belles histoires. Alors, c'est maintenant ou jamais. J'ouvre une porte dans la nuit, que les mots tombent comme du grêlon. Tous aux abris...

dimanche 18 mars 2007

J - 35

Je ne suis donc pas la seule à inventer des mots :

---> L'Apaisurne


Rigoloux ou drolix, je ne sachons pas vraimention...

A l'aveugle

"(Dring) Thomas Listen. Listen. There are times when life calls out for a change. A transition. Like the seasons. Our spring was wonderful, but summer is over now and we missed out on autumn. And now all of a sudden, it's cold, so cold that everything is freezing over. Our love fell asleep, and the snow took it by surprise. But if you fall asleep in the snow, you don't feel death coming. Take care.

Francine, je me souviens exactement, c’était le 15 mai. Le printemps tardait, la pluie menaçait, et tu criais...
- Please Bruno, please ! I can’t take it anymore !
- Hello ? I here you.
- (...) You’re an actress ?
- Trying to be ! I have an audition today.
- At the Conservatoire ?
- Yeah.
- (...) Shit... It’s ten !
- And so ?
- I have to be there at ten !
- I know a short cut, come on !
- Wait, wait !
- It’s this way.
- Are you sure ?
- Quite.
- That was fast. Thanks !
- Bonne chance.
Et tu as été admise, bien sûr. Tu as quitté Boston pour emménager à Paris. Un petit appartement dans la rue du Faubourg Saint-Denis. Je t’ai montré notre quartier, les bars, mon école. Je t’ai présentée à mes amis, à mes parents. J’ai écouté les textes que tu répétais, tes chants, tes espoirs, tes désirs, ta musique. Tu écoutais la mienne. Mon italien, mon allemand, mes bribes de russe. Je t’ai donné un walkman, tu m’as offert un oreiller. Et un jour, tu m’as embrassé. Le temps passait, le temps filait, et tout paraissait si facile, si simple, libre, si nouveau et si unique. On allait au cinéma, on allait danser, faire des courses. On riait, tu pleurais, on nageait, on fumait, on se rasait. De temps à autres, tu criais, sans aucune raison, ou avec raison parfois, oui, avec raison parfois.
Je t’accompagnais au Conservatoire, je révisais mes examens, j’écoutais tes exercices de chant, tes espoirs, tes désirs, ta musique, tu écoutais la mienne. Nous étions proches, si proches, toujours plus proches. Nous allions au cinéma, nous allions nager, rions ensembles, tu criais, avec une raison parfois, et parfois sans. Le temps passait, le temps filait.
Je t’accompagnais au Conservatoire, je révisais mes examens, tu m’écoutais parler italien, allemand, russe, français. Je révisais mes examens. Tu criais, parfois avec raison. Le temps passait, sans raison. Tu criais, sans raison. Je révisais mes examens, mes examens, mes examens, mes examens. Le temps passait, tu criais... tu criais... tu criais.
J’allais au cinéma.
- Pardonne-moi, Francine.

(Dring)
- Oui ?
- (...)
- Thomas, are you still mad about yesterday ?
- No...
- Okay, just tell me, was it believable ?
- ...
- Oh, I see... Shit, it doesn’t work great at all. I'm supposed to say "our spring was wonderful, but summer is over...". But that sounds completely melo-dramatic. Whatever, the director loves that and I have to find a way.
- ...
- Thomas ? Are you listening to me ?
- No, I see you."

vendredi 16 mars 2007

Ouvrez-moi cette porte ou je frappe en pleurant

Malgré l’alcool, j’étais sincère hier, quand je disais que j’écrirais un nouvel article dans la nuit. En arrivant chez moi, j’avais des idées plein la tête. Tout le monde devait dormir, c’était le moment idéal.
Mais cette pinte m’a trop assommée. Le seul bon refuge, c’était mon lit. En fin de compte, je n’aime pas vraiment la bière. Je préfère de loin un alcool en petite quantité, mais à faire tomber les taureaux. C’est sûr, j’aurais dû m’envoyer une tequila frappée, qui m’aurait tenue éveillée une bonne partie de la nuit. Mes muses auraient été ivres et prolifiques jusqu’à l’aube.

Je ne m’étalerai pas une fois de plus sur l’état des temps, toujours durs et insipides. Je ne m’étendrai pas non plus sur les merdes ou les perles de ma vie. Pas envie.
Je constate seulement qu’autour d’un verre, ce n’est pas tant qu’on oublie les choses, mais tout paraît plus simple, ou plus clair, ou plus transparent, ou moins dramatique. Les portes s’ouvrent plus facilement. Je suis donc vouée à devenir alcoolique.
Semaine dévouée à diverses madeleines. Mon nez est le
premier à me plonger dans le bain du passé. Hier comme avant-hier, comme avant avant-hier, j’ai senti des parfums chargés de souvenirs. Je sais maintenant que je ne supporte plus l’odeur du gingembre. J’ai été servie en Arpège et Egoïste, mais ce ne fut pas le plus désagréable. Puis j’ai enfilé une chemise fripée. Elle portait encore le parfum d’un ancien amour. C’était étrange. J'avais l'impression d'être à nouveau dans ses bras. Je l'ai enlevée. Puis, le temps que les effluves s’étouffent dans les plis de la chemise, le temps d’enfiler un pull oint d’un Boss ou d’un Klein plus insignifiants, j’ai laissé glisser cette madeleine beurrée, jusqu’à la prochaine fois, jusqu’au jour où, toutes et sans pitié, je les mangerai.

lundi 5 mars 2007

Fishy

J'avais pourtant prévu de dormir tôt, comme pour mettre à profit cette dernière nuit de mes 20 ans. Je n'avais pas vraiment le choix. Ces derniers temps, mes rêves sont plus beaux que le reste. Je n'ai pas trouvé le sommeil, à bouger dans tous les sens, à chercher un bout de drap frais, à retourner mon oreiller mille fois.
Je suis tenue éveillée par le doute, les questions et les souvenirs, qui se battent au portillon de mon château hanté. Il est minuit, et je me dis connement que voilà, s'en est fini de mes 20 ans, de cette année glorieuse et pressée, qui reste semble-t-il dans le coeur de chaque homme.
J'allume la radio, curieuse de savoir ce qu'elle aura choisi pour endormir mon temps. Je pourrais tomber sur n'importe quoi. Mes oreilles n'en croient pas leurs yeux quand elles entendent Goldman. Ou comment me souhaiter le plus merdique des 21 ans...
A ce moment, je me dis que je ne suis pas seule. Ce bon Murphy s'est placé juste à côté de moi. Il réchauffe les draps et me vole mon sommeil.