vendredi 29 juin 2007

Torchante et touchante


Habituellement, je fais un poulet immense, qui revient en détails sur la soirée de folie passée généralement la veille. Rassurons-nous, la soirée fut bel et bien folle. Torchante et touchante. Mais la nuit fut aussi plus blanche que blanche. La fatigue me ravage, le sommeil me séduit. Je n'en ai plus pour longtemps. J'ai une gueule de bois. Je me demande même si je ne suis pas encore torchée. J'avais l'ivresse efficace jusqu'aux petites heures du matin, dans le premier métro parisien. Ca redescend lentement. Je me fais à nouveau agressée par des pigeons déplumés. C'est donc que tout va bien et que la terre est toujours ronde. Alors, rien n'a changé cette nuit ? Je me sens très loin ou ailleurs, là où par exemple, ce serait encore le matin. J'ai la mémoire immédiate qui flanche : je ne sais pas si le poulet en question aura un sens. Il partira dans tous les sens. Tout ce qui me passe par la tête vaguement en rapport avec cette nuit, je prends. Tous les superlatifs sont inutiles. J'utilise donc ce mot à fermeture éclaire : parfait.
Il sautille dans ma tête, boum, boum, boum...


jeudi 28 juin 2007

"Si tard"

J'écoute les Chansons d'Amour en boucle. Il est tard, si tard. Je fume une cigarette, deux cigarettes. Je regarde la rue dans le noir. J'essaie de trouver des souvenirs précis de l'âge tendre. Je réfléchis. Je repense à ce soir, et à tous les autres soirs. Je ne suis jamais tant en forme qu'en pleine nuit. Il est bien temps d'écrire un peu. Il est temps de prendre ma mimine, et de rédiger consciencieusement mes lettres de démission. Une que j'enverrai recommandée avec accusé-réception. L'autre que je poserai dans la main de Monsieur. Demain, j'aurais eu la flemme. Demain, ce soir aurait été plus loin.

On s'en lave les mains

Ah... Mes camarades... Si vous saviez comme je me suis sentie, ce soir. Je me suis sentie à la hauteur d'une merde molle.
Ah... Mes camarades... Comment pourrai-je un jour oublier ces petites tâches-là ?
C'est le premier jour des soldes, alors la rue ressemble à une boîte à sardines. Chez Ronald, ça ressemble à une fourmilière. Mais les fourmis, elles, n'ont pas la gastro-entérite. Les clients, ou du moins une cliente, a souffert dans ses entrailles, aujourd'hui. Et, arrivée fraîche et pimpante pour 18h, c'est l'équipière n°39, la maîtresse de ces lieux, qui dût se charger des dégâts. La poésie de la défection humaine me donna de sacrés vertiges. Je vais passer la nuit à me laver les mains.

lundi 25 juin 2007

L'effet papillon

Je crois que demain, si je ne pleure pas, c'est le ciel qui me va me voler la vedette. Alors moi, par esprit de contradiction et même si j'ai le coeur lourd (on ne sait jamais), je chanterai sous la pluie, pour le plaisir d'être contre les vents humides, trop courants ces derniers temps. Il pleut, il mouille, c'est la fête du cinéma. Et une fois de plus, je ne peux pas me fondre dans la foule des salles bondées. J'ai pourtant un tas de films sur la liste de mes caprices. Et, scandale personnel, je n'ai toujours pas vu le dernier Tarantino, celui que j'attendais depuis longtemps. C'est un comble, auquel il faudra remédier au plus vite, sans quoi mon coeur de cinéphile, trop amoureux de Quentin, ne tiendra pas, et me lâchera sous la pluie !
A l'horizon de nos fenêtres, plus rien ne bouge, plus rien ne vit. Comme Paris semble disparaître, diluée dans de l'eau de pluie (les inconditionnels reconnaîtront). Mais, malgré les gouttes qui gouttent sous les gouttières grises, tout à l'heure, j'ai vu un grand papillon blanc, qui se laissait bercer par le vent, où ne maîtrisait plus sa pauvre trajectoire, va savoir. Il était beau comme tout, à se laisser porter, comme ça. Il jurait de pureté avec l'ambiance grisonnante et mortifère d'une fin d'après-midi grise et morte. D'habitude, ce sont les pigeons qui se fondent dans le décor, la plume hérissée et inquiétante, qui m'attaquent et se claquent connement sur les vitres, font faire des sales bonds à mon triste coeur, salauds. Pour une fois, je n'étais pas dans un drame hitchcockien. Je suivais le papillon des yeux, prête à me jeter par la fenêtre pour le suivre.

dimanche 24 juin 2007

Vive les vivements !

Encore deux jours de dur labeur. Il me faudra rivaliser d'inventivité et d'improvisation littéraire durant huit heures, puis je pourrai me lancer dans trois bons mois de vacances ! Comme d'habitude, la perspective est délicieuse, mais je suis sûre que mardi après-midi, je trouverai toujours un tas de prétextes pour me plaindre, pour rager voire pleurer à chaudes larmes. On ne se refait pas. Je passe ma vie à chialer, pour un oui, pour un non. Mais je pouffe aussi pas mal. Alors au final, c'est un juste équilibre. Je me rends compte qu'ici, je passe mes articles à enrager, et quand je suis dans de bonnes dispositions, je me complais dans des souvenirs qui appartiennent au (putain de) passé. Il va falloir opérer quelques changements, sinon, quand je lirai tout ça à mes petits-enfants, ils croiront que j'étais chiante et malheureuse. Ils ont tort !
Hein ?

A vos marques...


D'ici quelques jours, j'aurai le sentiment désagréable que le monde entier se sera donné rendez-vous au 116 rue de Rivoli. C'est la rue maudite pour tout associable qui se respecte. Et pourtant, j'y passe beaucoup de temps, et je commence à connaître par coeur ce visage gigantesque dessiné sur la façade du squat le plus réputé de Paris. J'ai pris mes petites habitudes, mais je m'en déferai avec plaisir. Ce courant d'air, de jour comme de nuit, été comme hiver, à la sortie de la ligne 14 de Châtelet. Ces escalators interminables. Et cette odeur de frite, qui se répand jusque dans les couloirs de la station, qui me rappelle à mon bon devoir, juste au cas où j'aurais oublié ce vers quoi je me dirige chaque samedi depuis deux bonnes années. La place Sainte Opportune, la rue des Deux Boules, bref, un quartier madelainesque au possible. Cette année, j'ai réussi à échapper à deux événements événementiels, qui avaient su traumatiser ma jeune expérience d'équipière polyvalente. Je suis passée entre les mailles des soldes d'hiver, perdue dans Westwood, et de la Fête de la Musique, perdue dans la rue de Braque. Mais mercredi, je serai aux premières loges, je ferai une fois de plus partie de la première ligne de soldats qu'on utilise comme chair à fric, et je vendrai durant des heures de la bouffe bien grasse à des portefeuilles amaigris. Par temps de soldes, les trompettes sonnent. Ce sera ma dernière scène, mon ultime étude sociologique du client, cet être humain inhumain. Mon petit fléau fétiche...

vendredi 22 juin 2007

Eté #1

Il y a deux ans, j'avais erré dans Paris. Le Marais vibrait, toute la population gay de France et de Navarre se bougeait le cul sur des rythmes disco follement rétro. Sur le Pont des Arts, le peuple étudiant tapait le djembé, grattait la guitare, et s'égosillait, emmené par des litres de bières, dont les bouteilles cadavéreuses gisaient un peu partout sur le sol en bois, qui buvait à son tour les dernières gouttes de bidouze. L'année dernière, il pleuvait. La musique courait moins dans les rues, et à défaut de chanter à tue-tête, on dégainait son parapluie. N'y a-t-il qu'au cinéma qu'on chante sous la pluie ?
Hier soir, nous avions décidé d'être de la partie. Depuis que cette Fête de la Musique existe, je n'avais encore jamais vraiment vibré pour elle. Arthur et moi étions novices en la matière. Et comment ne pas revenir sur cette énième soirée, que nous pourrons rabâcher durant nos longues soirées d'hiver ?

Nous avons tricoté des gambettes à travers Paris, histoire de prendre la température et de voler toutes les ambiances délirantes, dont ce premier soir d'été accouche à merveille. Je ne retiendrai qu'une chose, c'est qu'il m'est parfaitement impossible de décrire cette soirée. Par principe, c'est le bordel. Un mélange assez fou de toutes les possibilités musicales entreprises par l'être humain. Ca chante, ça joue, ça gueule, ça tape, ça danse, ça boit. Et pourtant, de ce chaos indescriptible ressort une sorte d'unité. L'émulation est parfaite. On se sent comme une nouille dans une immense casserole d'eau bouillante.
Quant à vous mes amours, je ne vous referai pas une énième déclaration, je ne redirai pas que cet amas de nuits est le carburant de mes jours, je ne confierai pas que vous m'êtes aussi précieux que la pupille de mes yeux ou la peau de mon cul, je ne répéterai pas que pour rien au monde je ne vous échangerais contre un baril de lessive. Enfin si, on ne le dit jamais assez. Vos bras font partie des meilleurs endroits du monde.

Ballon de baudruche

Il ne fait pas bon traîner dans les RER au mois de juin. Assise confortablement sur mon siège, dans une rame vide, je commençais à peine à m'endormir. Voilà que le wagon est envahi par une nuée de bacheliers. Ca hurle, ça expulse tout ce que ça peut d'une si jeune cage thoracique, ça se défoule. J'entends quelques mots clefs, qui me mettent sur la voie : ça vient de sortir d'un oral capital. Pour l'un, les examinateurs sont des sadiques, avides de larmes et de désespoir, si faciles à obtenir chez un petit coeur pétri d'angoisse. Pour l'autre, c'est déjà les années à venir, le statut d'étudiant, la belle vie, la vraie vie. J'ouvre les yeux, pressée de voir à quel point leurs mirettes à eux peuvent briller, remplies d'illusions flasques, bientôt prêtes à se liquéfier et à disparaître dans les couloirs estudiantins. C'était touchant. J'avais envie de leur conter les mille et un bonheurs de la vie étudiante. Mais je n'en ai pas trouvé autant. Je n'ai rien dit, je suis partie.

jeudi 21 juin 2007

A la guerre comme à la guerre

Je constate que l'administration défraie la chronique, ces derniers jours. Que ce soit chez Arthur, ou Charles, ou bien d'autres, elle nous met dans tous nos états. Et je ne sais pas si ce constat doit me faire rire ou chialer. Nous sommes donc tous dans la même merde, lorsqu'il s’agit de franchir le seuil d'un bureau. Nous sommes tous relayés au grade de petit fumiste. Dans des accès de rage et de désespoir, j'ai des pensées ignobles. Je me dis que tous ces cafards glaireux qui terminent à 17h et n'ont rien à foutre de notre avenir, je leur survivrai, et que ce monde est à nous. Puis dans un accès de regret et une fois ma requête satisfaite (au bout de plusieurs semaines de négociation, en général), je me mets à retirer ce que j'ai pensé, car c'est trop honteux, trop sévère. Je sais seulement qu'il n'y a qu'une recette, et qu'elle fonctionne à tous les coups : la persistance. On ne refuse jamais rien à une tête de mule ou à une chieuse. Les faire suer jusqu'à la moelle, les émouvoir jusqu'aux larmes. Ce sont mes seules armes. Je les utilise sans pitié.

mardi 19 juin 2007

Troisième du nom

J'ai enfin reçu ce fameux relevé de notes, blindé d'erreurs monumentales et destructrices, que je vais devoir une fois de plus faire corriger par l'administration et par les seules forces de ma colère et de ma volonté. Maintenant, j'ai pris le coup de main, et je sais qu'il me faut cumuler les preuves de ma bonne foi, de mes bonnes notes, afin qu'une secrétaire mieux lunée qu'une autre daigne m'accorder sa clémence, sa merci. Peut-être, en étant optimiste, aurai-je le plaisir d'être en vacances vers la mi-juillet ? L'an dernier, j'avais dû attendre la fin du mois, et verser quelques larmes de crocodile pour obtenir ma carotte estivale. C'était dur, mais j'ai aussi la dent dure. J'ai la dent très dure, maintenant. Et comme j'en ai marre de gamberger dans mon lit, marre de voir les heures de la nuit défiler, les mirettes grandes ouvertes et le coeur en chamade, je vais faire du ménage et dépoussiérer les coins trop sales, jeter les moutons qui traînent et qui polluent mon sol. Je suis arrivée à la dernière poupée, par-ci par-là, et maintenant, elles sont petites et vides. Il n'y a plus grand chose à découvrir - et tellement d'autres à ouvrir.

mardi 12 juin 2007

Ô vents contraires des jours terribles !

J'ai rarement été aussi lunatique. Elle me parle et je l'écoute, je vais bien, comme ça, sans savoir vraiment pourquoi. Puis elle dit un autre mot, et je l'écoute toujours, mais à l'intérieur, tout s'écroule, tout d'un coup. En une minute, ça monte et ça descend, et à la fin de la journée, je suis fatiguée.
Il me faudrait plusieurs vies, pour oublier, pour me couper en quatre, pour assurer.
Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir écouter cette chanson, mais on l'écoute quand même. Toutes ces choses insignifiantes et énormes, toutes ces choses qu'on ne devrait pas faire et qu'on fait, ou la perpétuelle lutte entre le coeur et la tête.

dimanche 10 juin 2007

"Tutti fucking frutti"


Une fois de plus, il a fallu se rendre aux urinoirs dans une campagne vide ; en ce triste jour du nouveau Seigneur, le petit, le tout petit Nicolas. Lever aux aurores, la faute aux monstrueux moustiques, mais aussi à l'angoisse de la vague bleue, qui balaie le territoire gaulois, mes rouge-gorges. C'est parti pour cinq ans ? Non, Madame Soleil dit dix.

Il ne reste plus qu'à bouger nos petites plumes d'oiseau égaré. Certainement pas une révolution ou une insurrection, le peuple n'est pas avec nous.
Le petit oiseau s'adresse aux éléphants rouges, ce soir. Dominique, Laurent, François, Ségolène :
"Vous chantiez ? Et bien dansez maintenant."


vendredi 8 juin 2007

Juste une nuit de plus

J'ai envie d'écrire avant de retourner dormir. Ecrire pour me souvenir, ou surtout ne pas oublier les beautés de la nuit passée. Je les prends au vol, avant qu'elles sèchent dans ma mémoire et se rangent dans la case des plus beaux souvenirs, seulement des plus beaux souvenirs.
Nous avons exploité de nouveaux quartiers, à la recherche des bons horaires. J'ai eu le plaisir et la mélancolie de retrouver la place de la Nation et ses colonnes du Trône, avec ses deux rois verts qui dominent le monde. En sortant de la bouche de métro, j'avais à nouveaux huit ans, une paille d'or à la framboise au bec. Puis en voyant Arthur sur son monticule de pierre, perdu dans les méandres textuels de son téléphone, j'ai couru vers lui, et le temps de la course, j'ai récupéré mes 21 ans. Et là, j'ai croqué une dame avec un gros oeuf au plat sur la tête. Un délice. Mais le plus beau reste cette alliance parfaite des mets que je chéris le plus au monde : le milk-shake, la noix de coco et le macaron. Ce fut donc un milk-shake coconut macaroon, sifflé en trente secondes chrono, complètement jouissif.


Le film est une horreur complète. La première scène me plonge dans un désespoir vif et un ennui profond. J'aimerais quitter la salle à chaque minute qui passe. Et ça devient de plus en plus insoutenable. Je ne supporte pas ce scaphandre qui se laisse couler, je ne supporte pas mon hermétisme. Ca ne me touche pas, ça me met mal à l'aise, et pour la première fois de ma vie, la salle de cinéma ne m'apparaît plus comme un havre de paix sombre et délicieux, mais comme une pièce aux quatre murs insonorisés, fermée et angoissante dont j'aimerais vraiment sortir. J'ai ressenti un profond dégoût pour ce film.


Nous rentrons et l'équipe perd une de ses plus sérieuses acolytes. Elle doit rentrer, vite et comme tout le monde donc en métro, car demain elle se lève tôt, poil au dos. Le reste d'entre nous conchie les lois du monde et use de ses gambettes pour, en pleine nuit, visiter le Nord de la belle Paris. Ca finit place de Clichy, encore une que j'avais snobée ces derniers mois. Toujours aussi animée, toujours aussi bourrée. Un homme sur les rotules du désespoir joue au mime devant nous. Ca nous amuse une minute, puis ça nous lasse. La vingtaine est sans pitié. Entre la cruauté de Charlie et les savoureuses amours impossibles de tout un chacun, un coup de fil étrange, comme tous ses coups de fil, aussi frais et flou qu'un brouillard matinal. Charlie parle, on le regarde, on lui répond, on s'installe sur les barrières du temps, j'enchaîne quelques clopes, puis nous rentrons, finalement. Rue d'Amsterdam, Saint Lazare, rue du Havre, boulevard Haussman, avenue de l'Opéra, rue du Quatre Septembre, rue de Choiseul. Si nous continuons sur cette lancée lente, nous ne serons pas couchés avant l'aube. Le temps de graver mes chansons d'amour, d'écouter quelques mots d'amour, de souffler les derniers mots qu'on veut que l'autre entende, la fatigue nous ramollit. Nous tombons dans le sommeil des justes. Juste épuisés, juste heureux.

jeudi 7 juin 2007

Boxes

Je commence à ranger mes affaires, mais peut-être que je devrais attendre. Je tombe déjà sur des morceaux de papier et quelques photos que j'avais oubliés. Sous mes yeux, comme ça. Je me rappelle, je me rappelle trop de choses. Je sens bien qu'en faisant ces cartons, je vais voir défiler mes trois années. Moi qui croyais ne pas avoir tant de clichés que ça, tant de souvenirs précis, je me fais attraper par ces morceaux de papier et ces quelques photos. Ma mémoire est dispersée dans les quatre coins de cet appartement. Aussi petit soit-il, je n'ai pas fini de trouver ce que j'avais oublié.

mardi 5 juin 2007

E sogni d'oro...

- Tu sais ce qui me manque le plus ? Fumer une clope avec toi.
- J'avoue ! Tu fumes toujours ? C'est bien.
- C'est de pire en pire.
- Idem.

lundi 4 juin 2007

Histoire de comptoir

Samedi après-midi, rue de Rivoli. Quatre heures et demie que je suis derrière cette caisse, que je vends la même merde, que je vois défiler les mêmes babines affamées. J'aurai bientôt fini, le temps passe, il ne s'arrête pas, c'est impossible. Je vais finir par sortir. Mon sourire est constant, un androïde programmé, je souris, je papote avec les bavards et autres jacky. A l'intérieur, je bous, je m'énerve, je m'impatiente. Une dame s'avance, avec son gamin, une petite bouille bouclée. Je prends sa commande, puis je dis merci. Mais que diable allais-je faire dans cette galère ? Ma cliente me demande pourquoi je dis merci, elle n'en voit pas l'utilité. Le ton est direct, sans appel, et m'ote le doute : c'est sérieux. Je lui réponds, aussi calmement que possible, que je viens de lui demander une certaine somme d'argent, et que ce sont des choses qui se font, me semble-t-il, d'accompagner le geste d'un remerciement. Elle insiste, "Non franchement, je ne vois vraiment pas pourquoi vous dites merci à ce moment." Quelqu'il soit, ce qui bout en moi commence à fumer par le nez et les oreilles. Elle insiste toujours, dit qu'elle ne veut pas m'énerver, voyant bien que je prends mal sa remarque à la con, mais en rajoute toujours une couche, parce qu'elle ne voit "vraiment, vraiment pas pourquoi" j'ai dit merci. Je reste polie, et laisse s'échapper quelques sarcasmes, qui passent plus facilement qu'une tarte en pleine gueule, mais défoulent quand même moins. Non mais, c'est quoi, cette nouvelle manie d'agresser les équipiers "trop polis" ?! Elle voudrait peut-être que je l'invite à dégueuler toute la merde que j'ai à lui vendre ? Que j'espère qu'elle s'étouffera dans son vomi de steak mou ? Je sens que je perds patience, et elle, elle insiste. Son gosse nous regarde. Nous sourions encore à cette étape, même si j'ai envie de lui mettre un double-étage dans le bec pour qu'elle la boucle. Elle part, toujours en marmonnant. En voilà une qui doit se sentir bien seule pour chercher à se fritter au McDo.

Beauty or the beast


Vendredi soir, rue du Faubourg du Temple. Un homme est étendu sur le trottoir, devant le théâtre du Temple. Il a l'air de souffrir, il porte une prothèse à la jambe. Ses bras sont crispés, et il n'a pas l'air de dormir. Dans la queue du théâtre, des parisiens, des gens d'autre part, je ne sais pas. Tous les mêmes, que je sache. Tous appartiennent à l'espèce humaine, tous sont dôtés d'un excellent cerveau plus gros que la moyenne des autres mammifères, tous vivent et évoluent dans une civilisation, une communauté d'humains, dont certains considèrent même "l'humanité" comme la plus belle qualité de l'homme. Et pourtant, tous ont le même regard, celui qui mêle le mépris et la lâcheté. Ca regarde partout et ailleurs, l'entrée du théâtre, le ciel menaçant tiens, puis parfois, ça retombe sur cet homme, et ça transpire de dégoût. Un SDF nous arrête et nous demande d'appeler les secours. Nous aussi, nous hésitons. Nous décidons d'appeler le 112. Arthur présente la situation, un homme est étendu sur le trottoir, devant le théâtre du Temple, il a l'air mal, il est crispé. Moi, je n'ai pas décroché tout de suite mon portable. Arthur va voir ce vieux couple, qui attend là depuis le début, qui est premier dans la queue du théâtre, qui est à un mètre de cette potentielle victime:

"- On peut savoir pourquoi vous n'avez pas appelé les pompiers avant nous ?
- On avait un doute sur la réalité de la chose."

Il y aurait une rumeur, qui dirait qu'un mec fait souvent ça, rue du Faubourg du Temple, que c'est une pure comédie. Il y a des fois, comme ça, où un simple appel aux secours vous déshumanise plus qu'autre chose. Un vrai bon homo sapiens sapiens analyse avant d'agir. Un vrai bon homo sapiens sapiens utilise son cerveau et déduit que c'est un coup monté, qu'il ne faut pas y croire, qu'il ne faut pas être crédule, et qu'après tout et primitivement, ça fera un chasseur de moins dans la jungle. Il laisse donc rarement le bénéfice du doute, quitte à se tromper et laisser crever son voisin. Pour la culpabilité, il aura inventé bien des détours et ira se confesser le lendemain. Nous ne sommes pas des chiens, mais parfois, l'espèce humaine se mord la queue.

dimanche 3 juin 2007

L'appeau d'Escouilles

J'ai désespérément cherché la seule et unique chanson qui allait bien, celle qui signifiait très bien mon départ prochain de Choiseul, mais radioblog ne connaît pas For the good times d'Al Green. J'ai alors désespérément cherché comment transférer mon fichier windows media, mais je ne connais pas assez les rouages de l'informatique pour que l'opération soit un succès.
J'ai désespérément cherché du temps pour écrire et raconter combien cette soirée de vendredi était réussie, combien l'ambiance gay-lesbo-hétéro est fraîche, mais le temps ne m'aime pas assez pour s'offrir à moi, il me fuit en courant à toute blinde, le salaud.
J'ai désespérément tenté de mettre Barbara et sa plus belle histoire d'amour sur le dernier article, mais file error s'est invité.
Donc rien n'est simple, sauf peut-être, pour les cinéphiles...



samedi 2 juin 2007

Après, on rêve d'avant

Il est tard, je me lève dans 4 heures, mais quand je danse dans vos bras, le monde est à nous, pour nous, il tourne, il tourne autour de nous, plus vite. Je suis ivre de vous, je ris plus avec vous, je vis plus pour vous. Je vous aime terriblement. Dormez bien...

vendredi 1 juin 2007

Unis dans la nuit, poil au Pdt des Etats-Unis


Après Lui est un bon film ? Pas bon, juste pas mal. Juste too much, lourd, partiellement mal joué, inégal, parfois malsain et insensible. La musique est excellente ! J'ai eu le plaisir de retrouver Beth Gibbons et son air 'déprimofraichobeau'. Mais une bande-son peut-elle rattraper un film qui heurte un iceberg et qui coule lamentablement dans les eaux profondes de l'échec ? Non, c'est un film, pas un CD. Nous verrons bien demain si les Chansons d'Amour auront été plus convaincantes – et touchantes, ai-je envie de dire...

Les lyonnais, je les embrasse. Les italiens, ils vont trop vite. Les alsaciens, ils s'arrêtent trop tôt. La bise, c'est tout un programme. Je préfère un bon hug.

Héautontimorouménos

C'est une odeur particulière. Un mélange savant d'alcool, de clopes, de café, plus un soupçon de sueur. Une odeur lourde, qui attaque le nez, une sorte de parfum capiteux et urbain. On sent l'excès. Ca fume par le nez, et les dents semblent s'être noyées dans l'alcool. La langue est brunie par le café, les doigts jaunis par le tabac. Les effluves sont régulières et puissantes, alors même qu'il ne bouge pas, qu'il ne parle pas. Au moindre geste, tout s'accélère, et le nez picote, la gorge brûle. Le bouquet plein de ressources de l'alcoolique m'est familier.