vendredi 29 septembre 2006

La vie sauvage

Je me lève ce matin, conquise par la journée à venir. Une journée sans labeur, impériale, sans haine du matin, ni désir pour le lit. Tout cela grâce à vendredi, magnifique, où la hantise est remplacée par une fainéantise frénétique. Quelques lignes à lire auront le temps d'endormir ma flemme. Les heures vont couler vite, comme toujours lorsqu'on voudrait qu'elles durent.

Les prix pour Los Angeles ont grimpé cette nuit. Va savoir. Le court du pétrole, les nouvelles mesures de sécurité – draconiennes – pour poser le pied sur le sol américain... Toutes ces petites variations pèsent sur les billets Air France. Ils ne comprennent pas. Je suis prête à verser ma fortune, mon trésor bancaire, pour ce voyage épique. Je suis prête à réveillonner avec faste le 31 décembre, et être au Terminal 2 de Roissy à peine quelques heures plus tard. Je veux vivre deux fois le 1er jour de l'année. Un à Paris, qui dormira ou cuvera sa fête dans les plumes de sa fatigue, et l'autre à L.A., dont le peuple me réservera la surprise de son état post-réveillon.

Ils vont fouiller mon sac, ma valise, à la recherche d'un cosmétique ou d'un coupe-ongle criminels. Les douaniers vont me regarder dans le blanc des yeux quand ils verront le nom de famille sur mon passeport, et ma photo, plus "orientale" que jamais. Je leur ferai un sourire, et ils comprendront peut-être que je n'ai d’autre projet que celui de m'émerveiller devant des palmiers, une fois sur leurs terres. Aucun souci d'ordre politique, messieurs, c'est un séjour pétri d'insouciance et de légèreté que je m'en vais trouver.

Mon front a eu la bonne idée de rencontrer une barre de métal. Injures et blasphèmes en tout genre ont suivi, fruits d'une collision douloureuse et sanguinaire. Tout ce mal pour une simple cigarette, tombée sur la gouttière, que je m'étais empressée de récupérer, avant que le vent ne la vole. Je crois que la maladresse m'offrira encore bien des délices.

Nous avons vu toute l'équipe d'Indigènes, l'autre soir. Assise au premier rang, j'ai tenté de capter un regard de Sami Bouajila. Rien à faire, ils avaient tous les yeux levés vers le haut de la salle, vers cette grosse femme au lyrisme poissonnier, qui râlait et raillait à tout va. Elle a provoqué Jamel qui, grâce à une répartie légendaire, a répondu d'hilarantes banalités, clouant le bec de la fromagère. Je filmais la scène, en attendant d'éventuelles coulées de sang qui amuseraient l'arène. Mais en bonne pacifiste, l'équipe s'est retirée. Sami est parti, son élégance avec lui. Le film est bien, et l'arabe est décidément une merveilleuse langue.

Quant à Arthur au bras de Kirsten Dunst, cela fait couler beaucoup d'encre. C'est vrai, c'est injuste. Moi, ça fait des mois que je veux le voir.

jeudi 28 septembre 2006

Retournez-vous dans vos tombes

Je lis trop pour écrire quoique ce soit. Trop de belles choses. Alors je pose trois mots, je les trouve nuls à chier, puis j'efface. Ils ont la plume légère. Tout se suit avec une simplicité et une classe folle. Plusieurs fois par jour, je me souviens que Poe, Shakespeare ou Hugo sont de véritables génies. Des génies tyranniques, qui volent tout mon orgueil au fil des lignes.
Trop de choses à dire, aussi. Tout se perd dans des phrases sans fin. En ce moment, voilà, je n'ai pas le "truc". Celui qui donne envie de raconter sa vie. Ce plaisir de lâcher ce qui grise ou tracasse, de le mettre en sécurité, à l'abri de la mémoire. Qui sait, peut-être que cet article survivra.
Il y a tant de petites histoires qui se bousculent. Pour l'instant, ce qui domine, c'est Laurent Gaudé. Prix Goncourt. Il écrit vraiment bien. C'est beau, c'est simple, percutant. Il a la flamme sacrée. Contemporain. Personne n'est parfait...

Choiseul a changé, mon portefeuille s'est allégé. Mon coeur est léger(ement brisé). Mon dimanche est libéré ; retrouvailles avec le week-end, nous étions fâchés. L.A. est programmé pour janvier, les congés sont posés. L'automne est arrivé, et... à vrai dire, le peuple ne demande plus rien - ou presque.

lundi 18 septembre 2006

"Cette nostalgie produite par une habitude brisée"

Reprise des cours, reprise du cours normal de mon existence, comme avant, comme depuis 20 ans. Rentrer en deuxième année à la fac n'est pas si différent de mon CE1. Cette impression que les grandes vacances ont duré une éternité, qu'elles sont comme ces rêves trompeurs qui occupent toute une nuit, alors qu'ils ne durent que quelques secondes.
Après avoir savouré tout cela, il faut retourner sur le front universitaire (pas des moindres).
Je repensais à mon petit pot de colle, que certains camarades mangeaient entre deux leçons, à ma gomme flambant neuve, et bien sûr, aux crayons de couleur. Combien de fois les rentrées m'ont terrorisées... Celles où j'étais la nouvelle, perdue parmi tant d'autres. Maintenant, septembre me rappelle souvent ce tracas enfantin et monumental, et toutes ces petites choses qui faisaient de moi une gosse. J'ai rencontré la plus douce des nostalgies, hier.

Des mots mélancoliques, d'une innocence déconcertante, sont maintenant posés.
J'ai un emploi du temps du tonnerre : mon côté pragmatique crie à mon coeur combien il se doit d'être content.

jeudi 14 septembre 2006

Home, sweet home ?

Durant un mois, mon plus sérieux dilemme fut de trancher entre mer ou piscine, steak ou poisson, Martini ou Pineau blancs. J'ai pu réinventer les limites du jour, vivre moitié sous le soleil, moitié sous la Lune. Je n'ai pas vu beaucoup d'étoiles, mais les moustiques ont festoyé et tapé du dard sur mon appétissante peau. J'ai mangé tout ce que la mer a de comestible.
J'ai retrouvé le macadam et l'odeur du métro, non sans une pointe de nostalgie... J'ai pleuré comme vache qui pisse, pour d'insignifiants détails, comme d'habitude. Je me résous difficilement à laisser filer mes petits instants de plénitude, allongée sur le sable chaud. Je reviens avec une emplette majeure : la casquette marine du capitaine, qui va à ravir à n'importe qui. C'est un lot de consolation qui sentirait presque le large.
Pour reprendre l'année du bon pied, nous allons prendre des cours d'arts martiaux avec Charly. Ainsi, je pourrai créer une "véritable symbiose entre mon corps, mon esprit et la nature". Que demande le peuple...

Il va y avoir de l'orage, cette nuit. J'ai entendu que ça allait péter, se déchaîner à fond, que le ciel allait se fendre. J'adore quand ça crie fort là-haut. Je suis toute ouïe.