vendredi 8 juin 2007

Juste une nuit de plus

J'ai envie d'écrire avant de retourner dormir. Ecrire pour me souvenir, ou surtout ne pas oublier les beautés de la nuit passée. Je les prends au vol, avant qu'elles sèchent dans ma mémoire et se rangent dans la case des plus beaux souvenirs, seulement des plus beaux souvenirs.
Nous avons exploité de nouveaux quartiers, à la recherche des bons horaires. J'ai eu le plaisir et la mélancolie de retrouver la place de la Nation et ses colonnes du Trône, avec ses deux rois verts qui dominent le monde. En sortant de la bouche de métro, j'avais à nouveaux huit ans, une paille d'or à la framboise au bec. Puis en voyant Arthur sur son monticule de pierre, perdu dans les méandres textuels de son téléphone, j'ai couru vers lui, et le temps de la course, j'ai récupéré mes 21 ans. Et là, j'ai croqué une dame avec un gros oeuf au plat sur la tête. Un délice. Mais le plus beau reste cette alliance parfaite des mets que je chéris le plus au monde : le milk-shake, la noix de coco et le macaron. Ce fut donc un milk-shake coconut macaroon, sifflé en trente secondes chrono, complètement jouissif.


Le film est une horreur complète. La première scène me plonge dans un désespoir vif et un ennui profond. J'aimerais quitter la salle à chaque minute qui passe. Et ça devient de plus en plus insoutenable. Je ne supporte pas ce scaphandre qui se laisse couler, je ne supporte pas mon hermétisme. Ca ne me touche pas, ça me met mal à l'aise, et pour la première fois de ma vie, la salle de cinéma ne m'apparaît plus comme un havre de paix sombre et délicieux, mais comme une pièce aux quatre murs insonorisés, fermée et angoissante dont j'aimerais vraiment sortir. J'ai ressenti un profond dégoût pour ce film.


Nous rentrons et l'équipe perd une de ses plus sérieuses acolytes. Elle doit rentrer, vite et comme tout le monde donc en métro, car demain elle se lève tôt, poil au dos. Le reste d'entre nous conchie les lois du monde et use de ses gambettes pour, en pleine nuit, visiter le Nord de la belle Paris. Ca finit place de Clichy, encore une que j'avais snobée ces derniers mois. Toujours aussi animée, toujours aussi bourrée. Un homme sur les rotules du désespoir joue au mime devant nous. Ca nous amuse une minute, puis ça nous lasse. La vingtaine est sans pitié. Entre la cruauté de Charlie et les savoureuses amours impossibles de tout un chacun, un coup de fil étrange, comme tous ses coups de fil, aussi frais et flou qu'un brouillard matinal. Charlie parle, on le regarde, on lui répond, on s'installe sur les barrières du temps, j'enchaîne quelques clopes, puis nous rentrons, finalement. Rue d'Amsterdam, Saint Lazare, rue du Havre, boulevard Haussman, avenue de l'Opéra, rue du Quatre Septembre, rue de Choiseul. Si nous continuons sur cette lancée lente, nous ne serons pas couchés avant l'aube. Le temps de graver mes chansons d'amour, d'écouter quelques mots d'amour, de souffler les derniers mots qu'on veut que l'autre entende, la fatigue nous ramollit. Nous tombons dans le sommeil des justes. Juste épuisés, juste heureux.

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