lundi 4 juin 2007

Histoire de comptoir

Samedi après-midi, rue de Rivoli. Quatre heures et demie que je suis derrière cette caisse, que je vends la même merde, que je vois défiler les mêmes babines affamées. J'aurai bientôt fini, le temps passe, il ne s'arrête pas, c'est impossible. Je vais finir par sortir. Mon sourire est constant, un androïde programmé, je souris, je papote avec les bavards et autres jacky. A l'intérieur, je bous, je m'énerve, je m'impatiente. Une dame s'avance, avec son gamin, une petite bouille bouclée. Je prends sa commande, puis je dis merci. Mais que diable allais-je faire dans cette galère ? Ma cliente me demande pourquoi je dis merci, elle n'en voit pas l'utilité. Le ton est direct, sans appel, et m'ote le doute : c'est sérieux. Je lui réponds, aussi calmement que possible, que je viens de lui demander une certaine somme d'argent, et que ce sont des choses qui se font, me semble-t-il, d'accompagner le geste d'un remerciement. Elle insiste, "Non franchement, je ne vois vraiment pas pourquoi vous dites merci à ce moment." Quelqu'il soit, ce qui bout en moi commence à fumer par le nez et les oreilles. Elle insiste toujours, dit qu'elle ne veut pas m'énerver, voyant bien que je prends mal sa remarque à la con, mais en rajoute toujours une couche, parce qu'elle ne voit "vraiment, vraiment pas pourquoi" j'ai dit merci. Je reste polie, et laisse s'échapper quelques sarcasmes, qui passent plus facilement qu'une tarte en pleine gueule, mais défoulent quand même moins. Non mais, c'est quoi, cette nouvelle manie d'agresser les équipiers "trop polis" ?! Elle voudrait peut-être que je l'invite à dégueuler toute la merde que j'ai à lui vendre ? Que j'espère qu'elle s'étouffera dans son vomi de steak mou ? Je sens que je perds patience, et elle, elle insiste. Son gosse nous regarde. Nous sourions encore à cette étape, même si j'ai envie de lui mettre un double-étage dans le bec pour qu'elle la boucle. Elle part, toujours en marmonnant. En voilà une qui doit se sentir bien seule pour chercher à se fritter au McDo.

Aucun commentaire: