mercredi 10 octobre 2007

Now, Gods, stand up for bastards !




* Le cours de civilisation est terminé. Pendant une heure et demie, j'ai entendu un professeur déblatérer ses histoires sur les Pilgrim Fathers, j'ai supporté les rires et autres piaillements des élèves dilettantes. Je suis fatiguée, et pendant le trajet du retour, je ne pense qu'à une chose : me fourrer sous la couette en arrivant et dormir jusqu'à 23h.


Mais non. A peine rentrée dans mes pénates, je m'enfile un sandwich et un financier au chocolat, histoire de reprendre du poil de la bête. Je ne vais pas pouvoir assouvir ma pulsion couetteuse, je ne vais pas pouvoir me glisser dans la chaleur de mon lit et m'endormir en un tour de main devant l'affligeant et délicieux Destin de Lisa. Je vais devoir m'engoufrer à nouveau dans le métro et restée collée sur la vitre du wagon, parce que c'est l'heure de pointe. Ce n'est pas qu'une impression désagréable : le monde entier rentre du boulot et s'entasse, pressé de rejoindre son foyer et sa soirée.


Amérement, je viens de quitter mon foyer à moi, je suis partie avec tout l'équipement dans mon sac à main, prêt(e) à craquer. J'arrive à bon port, sur le lieu de toutes les abnégations, de tous les efforts. Je sais que je ne tiendrai pas cinq heures sans deux ou trois cafés bien tassés. Après avoir constaté l'ambiance survoltée de l'endroit et lancé quelques saluts mous, je me précipite dans le vestiaire qui pue. Tout est une question de vitesse, alors j'enfile pantalon, chemise, chaussettes et chaussures à la hâte. Ce sera toujours ça de gagné pour mes bols de caféine.


Je descends en salle de pause, en tenue, et là, je retrouve Le Destin de Lisa. Sauf que je ne vais pas pouvoir m'endormir devant, hélas. C'est pourtant à ça qu'elle sert, cette série.


Je remonte, je pointe, et ça commence.



* Le cours de traduction est terminé. Pendant une heure et demie, j'ai savouré ce qu'un professeur pouvait suggérer : ses tours de passe-passe linguistiques, ses anecdotes, ses chassés-croisés et sa satisfaction devant un texte devenu français. J'ai faim, une faim de chacal. J'ai envie d'en griller une aussi. Je vais sur le parvis fumeurs de Censier, j'allume mon téléphone, j'écoute mes messages. Je rappelle. Je passe une heure au bout du fil, à papoter, à bavasser, à rire et à piailler. Mais j'oubliais ! Je voulais fumer un clou de cercueil ! Je le plante tranquillement.


Il serait temps de rentrer. Le trajet est assez long pour que je parcoure Le Monde. Dans le bus, on sent un mélange écoeurant et amusant d'artichaut et de vanille. Je voue un amour sacré aux deux éléments, alors il n'y a pas de quoi se plaindre. Ce serait la meilleure.


J'arrive à ma station. Je descends et prends la rue qui me mènera chez moi ; avec nonchalance, des pas d'éléphants qui me défoncent les talons. Je me traîne.


J'ai toujours faim, une faim de chacal parmi les chacaux. J'engoufre quelques céréales et achève le camembert puant, il était temps. Je regarde l'heure. Bon sang, j'ai une heure devant moi ! Je traîne, traîne, traîne. L'ennui, je le déguste à toutes les sauces, mais Internet reste la meilleure recette.


Enfin, il est temps de repartir. Dans cinq minutes, je serai sur les lieux. Je sonne, la petite ouvre. Nous échangeons quelques banalités avec une infinie satisfaction. Nous montons dans sa chambre, nous posons sur deux sièges. Et c'est parti. Pendant une heure et demie, je vais revoir ma classe de 4ème : le théorème de Thalès, les nouvelles de Maupassant, la reproduction, j'en passe et pas des meilleures. Nous avançons. « Tu es sûre que tu n'as rien d'autre pour la semaine prochaine ? Et combien font 6 x 7 ? Et tu as compris ce que c'est qu'une secte ? Et ton vocabulaire, cherche 'spasmodique' dans le dictionnaire. Avance-toi pour la prochaine fois. A vendredi ! »


Je n'ai plus de télévision, mais Le Destin de Lisa n'avance pas, et je suis persuadée de la retrouver dans 10 ans aussi vilaine et vertueuse. Je n'ai plus de télé, mais je suis plus heureuse comme ça.




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