mardi 3 octobre 2006

Monde qui défile sous les regards

A chaque saison ses petits mots. Peut-être qu'un jour, lointain, lorsque j'aurai essuyé les années et que mon visage sera une carte du monde, je ne m'émerveillerai plus devant les changements climatiques. Pour l'instant, je ne suis que jeunesse et naïveté, et mes sens sont avides de petites banalités. Je renifle à tout va. L'été a un parfum particulier, mais je préfère l'odeur fraîche de l'automne. Celle du début de soirée, quand la nuit voile la ville. Ca circule dans tous les sens, toujours la même frénésie dans les pas citadins, comme si rien ne changeait jamais. Je les regarde, je les aime, je les déteste, ils me font rire.
Eté comme hiver, je verrai encore cette jeune femme rentrer en trombe dans le métro, s'avachir sur un siège, cracher sa journée pourrie dans un long soupir, puis se ruer sur ses talons aiguilles. Elle les enlèvera le plus vite possible car la douleur est infernale. Elle sortira d'élégants écrase-merdes sûrement très moelleux, et les enfilera tout aussi vite. Un autre soupir de soulagement lui crèvera la trachée. Elle sortira à la station suivante, rougie par le plus grand ennemi d'une citadine : le temps.
Devant une telle scène cet été, nous étions assez attendris, admiratifs, et très amusés. Maintenant, j'aurais envie de dire à cette dame que c'est la mi-saison, comme une heure en plus pour une journée trop courte. Et il faudrait bannire les talons-aiguilles. Il ne faut plus soupirer, mais renifler et respirer, madame.

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