jeudi 12 octobre 2006

Résiste

Le début de semaine était serein. Mais, en deux minutes, tout s'écroulait.
Le temps de causer avec mon professeur de civilisation.

Professeur qui mérite une ample digression dont je ne saurais me priver. Hélas, il est de ces individus qui enseignent des matières laborieuses, voire fastidieuses. En civilisation britannique, par exemple, nous passons au crible la Constitution anglaise (un véritable bordel à elle toute seule), les évolutions des partis politiques les plus connus, et lisons des articles interminables du non moins célèbre Economist. Pour ce genre de cours, il faut – je dirais même plus que c'est une Nécessité – avoir un professeur charismatique, qui sache faire de l'audience son amie. Hélas, notre bon enseignant est jeune, élégant, beau, certainement gay, mais absolument soporifique. Assis durant deux heures, il n'épouse jamais un regard. Il déblatère son texte avec un accent digne d'une vache slovaque. Aucun humour dans ce cours ; humour qui, comme chacun sait, serait une arme terriblement efficace pour éveiller son auditoire. On me parlera de timidité, de réserve ou de pudeur. Peu me chaut. Soyons cartésien une minute. Seul le résultat importe, et c'est un fiasco.

J'affronte donc ce tendre bonhomme, afin de remettre les pendules à l'heure, au sens propre du terme. J'apprends justement qu'un exposé m'attend le lendemain. Un sourire quelque peu figé fait façade, et je quitte la salle. Arrivée chez moi, je me jette sur l'article. Six ou sept heures plus tard, après moult mix cafés-clopes, je boucle l'exposé. Au lit. Le lendemain sera, comme tous les mercredi, une course folle.
Au réveil, ma première pensée ressemble à une injure, suivie d'un "tu ne croyais pas si bien dire..." Je ne suis pas fatiguée, mais ma gorge me fait souffrir. Je teste ma voix. Heureusement, elle me sera fidèle pour l'exposé. Mais à ce moment, je sais pertinemment qu'un virus m'a attrapée. "Les choses vont empirer". Pour le moment, il faut tenir au moins une journée.

Le mal de gorge s'estompe à mesure que les heures filent. A vrai dire, peut-être empire-t-il, mais le stress lui vole la vedette. Il fait froid, je suis comme d'habitude trop peu couverte. Pourtant j'ai chaud. Les mains tremblent, les longs doigts dansent. J'avale un gâteau au chocolat pour me remettre d'appoint, et un énième café qui je le sais, n'apaisera pas les coups qui m'agitent le coeur. Assise à patienter, je suis plutôt étonnée par cette angoisse nouvelle. Je m'inquiète. Ces jambes chancelantes seront-elles capables de me porter ? La crainte de m'évanouir. C'en est trop. Je n'ai pas l'habitude d'une telle tension dans mes chairs. Il faut que le temps accélère. Il faut en finir.

Je suis prête à vendre mon âme moqueuse au diable. Je sous-estimais le fléau de l'exposé. A tout ceux que j'ai raillé parce qu'ils ne dormaient plus trois semaines avant leur passage à l'oral, je présente de plates excuses.

Jeudi soir. Je suis en week-end. Tous ces sursauts sont derrière moi. Il ne me reste qu'à regarder la vidéo de Grey, dont j'ai raté les ultimes épisodes, malheureusement. Maintenant, qui sait, la folie virale se chargera peut-être de mes derniers jours.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Eh un commentaire de plus pour ma choupinette !