vendredi 7 septembre 2007

"Ecstatique"


Peut-on décemment partir sans laisser une trace ? Je ne crois pas, non. Il reste toujours deux trois bricoles qui traînent, surtout sur les ordinateurs. Ces humbles serviteurs gardent des dossiers moyenâgeux et nous suivent, déménagements après déménagements...

Je pensais avoir plus de clichés de ma folle vie parisienne et de ces trois années passées, mais le fait est que j'appuie trop souvent sur la touche 'Erase'.



Enfin, j'ai quand même retrouvé quelques vieilles photos. Mignons minois d'avant la vingtaine, minois qui ont foutrement changé...
Ce serait un crime de résumer le passé en quelques phrases, en quelques images, en un seul article. Mais en tombant sur tout ça, mon sang n'a fait qu'un tour, ma mémoire en a fait plusieurs, et je fais un adieu officiel à cette époque. Grande époque !
On ne le dira jamais assez.


Et je sais une chose, c'est que je vais regretter nos nuits parisiennes. Même si parfois Murphy s'invitait (surtout vers le 25 juin 2005), je finis par aimer ce tas de merdouilles dans lequel nous avons pu nous mettre. ...Et suis bien heureuse d'avoir honorer tout cela, en accompagnant ma dernière nuit choiseulienne d'un compagnon inestimable(ment poilu) !

Avec ces 'bricoles', je vois le glop et le moins glop. Je vois le regard de la turgotine en mal de tout, la pluie du sixième étage, le bordel que fut mon appart' à ses heures...



Je me souviens très bien des cordelettes de pluie que j'attrapais avant la chute de la goutte sur le béton. A douze mètres de haut, on voit les choses venir et on les prend au vol (en prenant garde de ne pas tomber avec ladite goutte).


Peut-être que mes clopes de là-haut vont me manquer. Celles que je fumais quand il était tard, quand on rentrait d'une nuit parfaite de débauche. J'ouvrais grand les fenêtres, on papotait au-dessus du vide et je les enfilais (de nuit, elles semblent moins nocives et encore plus douces).


Ce n'est pas tant la clope qui me manquera, mais ces moments-là, pendant lesquels sans déconner, le monde tournait rond et léger.
















Choiseul fut aussi le lieu de tous les travestissements ! En souvenir, donc, d'un t-shirt rouge XXS porté par un torse velu, ou de cette paire de lunettes follement "style-moving-beach-in-the-sky"...

Il n'y a que le versant amical des sentiments que je puisse tranquillement poser ici. Mais Choiseul fut beaucoup d'autres choses, et il savait aussi se plier en quatre pour que mes passions s'y délectent de plaisir.

Je pense à nos drogues sirupeuses... Les gorgeons de Pineau blanc quand le soleil cuivrait les murs, la bouteille de Martini bianco ou rosso toujours présente dans mon mini frigo (il ne servait presque qu'à ça), et les lampées de ce Martini dans des tasses à café, pour des doses homéopathiques d'enfer...



Je pense au quartier, je pense aux arcades de Rivoli qui furent remplies d'ivresses et de pas maladroits, la place Vendôme qui acueilla une Saint Valentin embuée, la Tour Eiffel et ses lumières, la grande roue, les marches de Montmartre, l'Okubi, les rizottos du Bistrot Romain, les bonbons de l'Hippo, les pavés de Bercy... Paris... Paris paraît si loin, j'oublie !

Ce sont les empereurs qui meurent, non pas les empires. Paris sera toujours aussi belle quand je ne me souviendrai plus d'elle.

Mes souvenirs me feront un jour défaut, et je ne comprendrai plus la moitié de cet article. Pitié... Restez-là.

Ne partez pas comme ça, sans laisser une trace !


5 commentaires:

Charles a dit…

Une petite trace de plus, pour ne pas oublier. On n'oubliera pas. Ca ne dépend que de nous. Choiseul, Paris, Guy Moquet, portes ouvertes à ces souvenirs, impossible d'oublier.
Ici tu inscris pour ne pas laisser s'echapper ce auquel tu tiens. Je n'oublierai jamais ce qui nous a construit, je n'oublierai jamais ce geste que tu fais pour qu'on n'oublie pas. Merci pour tout cela.

Arthur a dit…

Quand tu seras vieille et sénile, complètement folle et décrépie, et que ta mémoire te fera défaut, nous te la rafraîchirons :)

Arthur a dit…

(et c'est en effet plutôt cet article qu'on attendait ^^)

Delenda Lavingtaine a dit…

@ Charles: My pleasure... :)

@ Arthur: Serai-je donc la seule à vieillir ?

Le passé est un prologue... ;)

Anonyme a dit…

@ Delenda : Je n'aurais pas dis mieux !