samedi 25 août 2007

Smoking killers


Coffee ? Cig ? (Généalogie d'un crime)



C'était des choses réservées aux grands, choses qui ont pourtant enfumé et embaumé ma jeunesse. Fermement coincée entre le majeur et l'index droits, une Philip Morris ; pendant que l'auriculaire gauche caressait le sourcil gauche. Ma mère fumait, je la regardais. Elle lisait son canard, tirait, aspirait, soufflait.
Nous sommes trois enfants, et petit à petit, nous avons tiré, aspiré et soufflé.


Je me souviens de ma première cigarette, celle que j'ai fumée d'un bout à l'autre. Et je suis satisfaite que cette maudite-là ne soit arrivée qu'autour de 20 ans. Avant, j'avais tiré des taffes en suisse, sur une clope qu'un de mes parents avait oubliée. Il leur arrivait souvent d'avoir deux ou trois cigarettes allumées. Une dans le salon, une dans la cuisine, éparpillées grosso modo partout dans la maison.

Cette première, je l'ai fumée à Choiseul, en plein jour. J'avais un paquet sur le bureau, plein et emballé. Il traînait là depuis des semaines. Je l'avais acheté un jour, comme ça, sans savoir pourquoi et pour qui. J'étais malheureuse, ce jour-là. Ca ressemble à un cliché.

Mais pourquoi, après 20 ans de clopes sous mes yeux, ai-je décidé de m'y mettre maintenant ? Le désarroi, l'ennui. Je m'ennuyais. Je ne voulais pas bosser mon Giquel, je ne voulais pas entendre parler de Code Civil ou de droit international. Je voulais faire autre chose. Quelque chose qui a bonne presse, quelque chose qui est mauvais pour le corps et bon pour le moral. Ca coïncidait parfaitement.


Il était là, sous mes yeux. J'avais évidemment acheté les mêmes que ma mère. Philip Morris ultra light. Mais je n'avais pas trouvé bon de prendre un briquet.
Je l'ai allumée avec ma plaque électrique. Après cinq minutes d'acharnement, j'avais le bout du nez rouge, ça sentait le brûlé, mais elle puait donc elle fumait !


J'ai dégusté la chose à ma fenêtre. Puis j'ai arrêté, repris, arrêté... Puis repris, évidemment. Les premières me faisaient un effet incroyable. Ca picotait jusqu'au bout des doigts. Tout un tas de minis décharges déséquilibraient mon petit corps pur. C'était une sensation délicieuse, un sentiment de plénitude.

Le moment était malgré tout mal choisi, puisque nous autres fumeurs sommes actuellement les êtres les plus inconscients et les plus dangereux de la planète, après Al Quaïda. Well fucked, hm ?

M'enfin, j'avais de la nicotine dans les poumons depuis toujours. Mieux valait jouer franc jeu. Et une clope, après avoir bricolé, bossé, gueulé ou câliné, ça diffuse du bonheur dans les veines. Comment dire à un jeune adulte qu'il risque de mourir ? A 21 ans, on est immortel.

Je ne suis pas vraiment dangereuse. Assez heureuse d'être inconsciente. Surtout, je suis avide de petits plaisirs faciles.


Pour le plaisir de coincer ma mort entre le majeur et l'index ?
Fair enough.

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