mardi 28 août 2007

Le rouge et... les cris


Il y a des films, comme ça, que les parents nous interdisent de voir, tant qu'ils sont encore maîtres de nos petits yeux d'enfants.



Le Syndrome de Stendhal est sorti en 1996, j'avais donc dix ans. C'était, je l'admets, bien trop jeune pour encaisser ce genre-là. De toute façon, on est toujours trop jeune pour regarder un film de Dario Argento. Ce gars-là est complètement frappé, inquiétant, mais son talent est indéniable.

Ma mère ne voulait même pas m'expliquer ce qu'est le Syndrome de Stendhal. J'ai fini par élucider ce mystère par moi-même, et la réponse fut à la hauteur de mes espérances !

Après avoir pris connaissance de ce mal sordide, je me suis empressée d'acheter le DVD de Dario. Je ne savais absolument pas de quoi il retournerait, sauf peut-être, que j'y verrai un personnage atteint du syndrome, quelqu'un qui serait pris de vertiges et d'hallucinations hallucinantes face à une oeuvre d'art. Rien de plus. Mais il fallait que je vois ce film, objet de tous les délits !


Ce quelqu'un, c'est Asia Argento. Et que dire, à part qu'elle est bien la fille de son père ! On la connaissait provocante et vulgaire à ses heures, mais dans ce film-là, elle est toute jeune, trop sensible et bien trop innocente pour échapper à un tueur-en-série-doublé-d'un-violeur-sadique-beau-comme-un-dieu.

Après le déménagement vient l'emménagement. Il ne fut pas beaucoup plus simple. Nous avons bricolé sans relâche, décollé, peint, scié, acheté, posé, construit. En somme, tout ce qu'un être humain est capable de faire de ces mains. Maintenant, la chambre est terminée. Elle est resplendissante, lumineuse, un vrai havre de paix qu'il me tarde d'investir.

Nous nous sommes donc retrouvés avec nos mains, mais ne sachant plus trop qu'en faire. Et voilà que mon frère, désemparé, veut regarder le Syndrome. Lui qui ne l'a pas vu pense que ça passera le temps, et que c'est l'occasion ou jamais de voir ce film interdit. L'ayant déjà pratiqué, je le mets en garde.
« Dario Argento n'est pas Michael Bay, ce n'est pas un passe-temps ». Il ne veut rien entendre. J'abdique.

« Non mais attends, ça pue ce film ! » Mais il n'a pas vu la fin. Il est parti en trombe, me laissant seule avec Asia et ses fantasmes délirants. Comment peut-on décemment quitter l'écran devant un film, d'ailleurs ? Je n'ai jamais compris. Je lui accorde que Dario a son style, que les cris stridents sont son péché mignon, et que le genre horrifique italien n'est pas des plus fluide. Mais il faut le regarder d'un bout à l'autre ! Alors, on se met à apprécier la spirale d'emmerdes et toute l'horreur de l'histoire.

Moi-même, je n'avais pas tout saisi au premier jet. Maintenant ça y'est, j'ai saisi ! Il m'a fallu tout le générique de fin pour remettre en ordre mes idées et comprendre Anna Manni. C'est complètement tordu, et il faut avoir pondu des Suspiria et autre Inferno pour sortir un tel film, de tels préceptes, terrorisants ma foi.

J'ai aussi compris qu'avec Dario Argento, plus on comprend, plus on a peur.

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