lundi 20 août 2007

Education normande


La vache, le camembert, le cidre et la mer...




Comme toi Gustave, mes émotions sentimentales et esthétiques les plus vives furent trouvillaises. Comme toi Marcel, mon temps perdu est éparpillé dans Cabourg. Avec mes deux compagnons, je vous ai retrouvés. Vous n'avez pas changé depuis dix ans, vous étiez toujours aussi beaux et majestueux, et – ce dont je ne m'étonne pas - les normands avaient pris grand soin de vous.


Sur l'autoroute, nous avons raqué du péage. Rejoindre les côtes est devenu un luxe. Les odeurs furent notre plus sérieux plan de route. Plus ça sentait la vache, plus nous approchions du but. Cette odeur exécrable de fumier envahissait nos petites narines parisiennes, et nous pestions. Mais cette odeur, cette fois, c'était un parfum. Celui de la Normandie, celui qu'on ne sent pas à Paris, celui que je n'avais pas senti depuis dix ans.


Nous nous sommes accommodés des radars, de la flicaille deauvilloise et du manque de toilettes publiques. Nous avons doré sur la plage trouvillaise, sous un ciel anglais ; l'un de mes ciels favoris, un plafond remplis d'immenses nuages noirs et plats, percé par des rayons vifs, un combat perpétuel entre le paradis et l'apocalypse. On aurait presque entendu le son des trompettes. Sauf qu'ici, c'aurait été celle de Louis Armstrong et son What a wonderful world. Je suis une bien mauvaise catholique, admettons !



Des escaliers vertigineux m'ont rappelés Montmartre. Du haut de la colline, c'était la mer au loin, c'était Montmartre sur Mer. J'ai appris quelques rudiments d'architecture, grâce à mon Charlie. Ne te méprends pas Gustave, mon Charles est bien plus passionnant que ne le fut celui de ta pauvre Emma.


Nous avons dévoré la mer dans une grande assiette. J'y ai dégusté les mets marins les plus fins, ces petits crustacés au goût inimitable. Les crevettes, les huîtres, les bulots, le homard, les langoustines. Le tout accompagné d'un Sancerre divin, qui, après quelques verres bien pleins, m'alourdit l'esprit d'une belle ivresse marine.


J'ai attiré l'oeil d'un beau normand, style viking moderne, aux cheveux blonds en bataille, à l'élégance acquise, aux pommettes hautes et au regard flatteur. J'aurais pu lui écrire un million de lettres, comme ta Sand. Ses parents, en revanche, ressemblaient plus à un couple cabourgeois actuel, de la haute, qui m'eurent mise dans l'embarras et le dégoût au moindre contact.


L'eau était bonne, l'écume était douce, le sable filait entre les doigts de pied. Le vent violent collait du sel sur nos joues roses. Tout ces plaisirs normands, aussi tendres et envahissants soient-ils, ne nous ont pas empêchés de mener nos conversations tambour battant.


Le temps courait, la voiture roulait, les langues se déliaient. Nous ne recherchions pas le temps perdu, nous n'évoquions pas nos madeleines, nous écrivions notre nouveau roman, le normand.



3 commentaires:

Charles a dit…

Trop courts instants,
Très bons moments,
De bonnes raisons de vivre,
Ces instants qui rendent ivres,
Je ne saurais oublier
La Normandie à vos côtés...

Je vous aime
mes petits nems

Delenda Lavingtaine a dit…

T'as vu ça Gustave ?
Mon Charles est un poète.

Anonyme a dit…

:)