vendredi 16 novembre 2007

Les beaux rebelles


Aujourd'hui, malgré la grève des cheminots, malgré le blocage de mon université, je devais déposer un dossier à Censier.

Je savais hier soir que cette journée serait difficile, mais j'étais prête à en découdre, prête à passer en force, prête à me trouver dans le no man's land entre étudiants et CRS. J'avais tout programmé : mon verbe vert, mes arguments, mes stratégies, mes feintes, mes alliés, mon temps, mon écharpe.


Ce matin, j'ai pris un malin plaisir à me lever, presque avide de rentrer dans l'arêne. Après tout, je n'avais encore jamais testé les transports en pleine grève, ni ne m'étais frottée au bloqueur énervé. J'avais hâte de tâter l'ambiance et de voir si vraiment, cette « grogne sociale » apporterait son lot de surprise (et de sang). Mes frères décident de m'accompagner, pour se rassurer et pour me rassurer, l'un ou l'autre ou les deux.


En bonne romaine avide de pains et de jeux, je suis quelque peu déçue. Le trajet n'a pas été plus excitant que d'habitude. Beaucoup se sont résignés à rester sous la couette, dirais-je, car bus et métro sont vides. Ce n'est pas non plus l'heure de pointe (stratégie). Nous attendons un poil sur le quai, mais nous avons à peine le temps de râler. C'est un comble.


Arrivés à bon port, je trouve l'air bien frais et bien calme. A Censier, quelques tables et deux trois bonshommes coincent les deux trois clampins qui essaient de rentrer. Il y a un agent de police, qui zone, qui semble résolument s'emmerder.


Je me dirige vers le petit groupe de bloqueurs, mon enveloppe à la main. Ca papote, vautré sur les tables renversées. Ca dessine, ça colorie des affiches, sans dépasser.


Je lance ma requête, le leader n'existe pas, les réponses sont différentes. On veut bien me laisser passer, parce que c'est un dossier, pas un devoir, mais on doit m'accompagner et on a la flemme de bouger.


Finalement, un jeune homme bouge son cul, le plus beau de tous les révolutionnaires. Sur le chemin, il me demande mon avis. Je suis à deux doigts de faire les louanges du blocage, de lui dire que je comprends et qu'il a vraiment de beaux yeux. Je pourrais marcher dans toutes les ailes de la fac avec lui pour rendre un dossier qui n'existe pas.


Pas une goutte de sang, juste un poil de charme. Quoi de mieux pour boucler la semaine ?


1 commentaire:

Charles a dit…

magnifiiiiiiiiique...
on veut la suite de ce poil de charme!!