vendredi 26 janvier 2007

1er janvier

Le début de nos aventures arrive en même temps que la petite Clio qui s'approche de la gare de Bussy. On embarque mon énorme valise bleue, et c'est le départ, le vrai, pour Charles de Gaulle. Je n'ai jamais tant aimé cet homme qu'en ce lundi 1er janvier 2007. Charlie est déjà à l'aéroport. Dès que je le vois, je remarque l'élégance de son allure. Une veste, des chaussures de ville aux bouts pointus, un pull vert et chaud, un jean foncé. Il n'a pas l'air si fatigué que ça. Pourtant, il me dit qu'il n'a pas dormi de la nuit, qu'il a dansé jusqu'à l'aube, et qu'il ne sent plus ses pieds.

Etrangement, il y a du monde, au Terminal 2. Il faut alors affronter un long parcours avant d'embarquer dans le Boeing 777. Entre les files d'attentes interminables et les nombreux contrôles, c'est à se demander si l'on ne teste pas notre motivation pour quitter les terres gauloises. La mienne est sans faille. Même la sécurité ne me décourage pas. Nous sommes tout fous. Nous enlevons nos chaussures et nos vestes, aussi belles soient-elles. Nous passons le portique. Une dame me demande ensuite d'écarter les bras en croix, "comme Jésus". Je m'exécute. Elle me tripote un peu, à la recherche de l'arme de destruction massive dernier cri. "On ne sait jamais." Les nouvelles conditions de sécurité sont la nouvelle attraction des aéroports. On fait des choses insensées, et la plupart du temps inutiles. Une fois passée cette barrière, je dirais même cette frontière, nous rentrons en terrain neutre. Pour preuve, il y a de la moquette sur le sol. Et là, curieusement, ça se complique.

Après moult remous, le commandant de bord accepte d'embarquer Charlie sur un jump sit. Le beau jeune homme à l'allure élégante devra donc passer 11h30 sur un strapontin, en compagnie des hôtesses et stewarts, ce qui, pour cette part du problème, ne dérangerait pas tout le monde. 12h passent, perchés à 10 000m au-dessus de la terre ferme, un peu dans l'Olympe, finalement.

Lessivés mais toujours en pleine forme, nous posons le pied sur le sol américain. Il fait beau. Même si nous avons l'impression qu'il est tard, comme par exemple 2h du matin, il n'est que 17h. Nous passons les douanes, sans encombre. Puis vient l'immigration. Je suis étonnée de tomber sur une grosse latino, embourbée dans sa graisse, qui lui ôte apparemment toute chance de sourire et de parler intelligiblement. Elle baragouine quelques mots avec le pire accent américain qu'il m'ait été donné d'entendre. Je ne comprends rien, je suis agacée par cet accueil. Malgré tout, je garde le sourire. Qui sait, peut-être est-elle en train de me dire que j'irai à Guantanamo si je lève les yeux au ciel. Elle prend l'empreinte de mes deux index, une photo de mon minoi, me regarde dans les trous de nez avec son air patibulaire, sort un énorme tampon et l'écrase sur mon passeport qui aura passé un sale quart d'heure entre ses mains. S'ensuit une seconde bataille pour Charlie : son bagage est resté à Paris. Il lui faudra vivre deux jours avec une brosse à dent, un rasoir, un T-Shirt XXL et une savonnette.

Puis enfin, enfin, j'aperçois un sweat à capuche rouge et une bouille aux aguets. Nous retrouvons ce bon Arthur, pas vu depuis 6 mois, qui attend depuis 3h. Quelques bisous et hugs plus tard, nous faisons connaissance avec sa plus sérieuse compagne : le pick-up Chevrolet blanc. Nous poussons quelques soupirs d'émerveillement face à une telle bagnole, puis j'allume ma première cigarette losangelesienne. Après 15 bonnes heures sans fumer, je dois dire qu'elle est bonne et que ma tête tourne. Un délice. J'ai des montées d'adrénalines qui semblent finir dans mon coeur, et je sens combien je suis heureuse d'être là, avec eux.

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